jeudi 15 novembre 2012

L'amour


"L'amour n'est qu'illusion; il se fait, pour ainsi dire, un autre univers;  il s'entoure d'objets qui ne sont point, ou auxquels lui seul a donné l'être, et comme il rend tous ces sentiments en images, son langage est toujours figuré. Mais ces figures sont sans justesse et sans suite; son éloquence est dans son désordre; il prouve d'autant plus qu'il raisonne moins. L'enthousiasme es le dernier degré de la passion. Quand elle est à son comble, elle voit son objet parfait; elle en fait alors son idole; elle le place dans le ciel, et, comme l'enthousiasme de la dévotion emprunte le langage de l'amour, l'enthousiasme de l'amour emprunte aussi le langage de la dévotion. Il ne voit plus que le paradis, les anges, les vertus des saints, les délices du séjour céleste."

Jean-Jacques Rousseau, "Préface ou Entretien sur les romans" in Julie ou La Nouvelle Héloïse, Librairie Générale Française, 2002, p. 59



Pierre-Paul Proudhon 
L’innocence préférant l’amour à la richesse (1804) 
Huile sur toile - 243 x 194 cm 
["El amor no es más que ilusión. Construye, por así decirlo, otro universo. Se rodea de objetos que no son o a los cuales sólo él hace existentes y, como torna todos esos sentimientos en imágenes, su lenguaje es siempre figurado. Pero esas figuras carecen de fundamento y de coherencia; su elocuencia reside en su desorden. El amor prueba tanto más cuanto razona menos. El entusiasmo es el último grado de la pasión. Cuando ésta alcanza su máximo, ve su objeto perfecto. Hace de él su ídolo, lo ubica en el cielo, y, así como el entusiasmo de la devoción toma prestado el lenguaje del amor, el entusiasmo del amor también toma prestado el lenguaje de la devoción. El amor no ve más que el paraíso, los ángeles, las virtudes de los santos, las delicias de la estancia celestial."]

jeudi 8 novembre 2012

L'éphémère


"Si l'on devait vivre éternellement, tout deviendrait monotone. C'est l'idée de la mort qui nous talonne. C'est la hantise et le désir de l'homme de laisser une trace indélébile de son éphémère passage sur cette terre qui donnent naissance à l'art."
Brassaï



Brassaï

Chez Suzy (1932)

["Si debiéramos vivir eternamente, todo se volvería monótono. Es la idea de la muerte la que nos acosa. Son la obsesión y el deseo del hombre de dejar una marca indeleble de su efímero paso por esta tierra los que dan nacimiento al arte."]

vendredi 12 octobre 2012

La blessure

« Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde. Il y a donc loin de cet art à ce qu’on nomme le misérabilisme. L’art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu’elle les illumine. »

Jean Genet, L'atelier d'Alberto Giacometti, Paris, Gallimard, 2007


Alberto Giacometti
Jean Genet
Huile sur toile (1954–1955)

["La belleza no tiene otro origen que la herida, singular, diferente en cada uno, escondida o visible, que todo hombre guarda en sí, que preserva, y a donde se retira cuando quiere apartarse del mundo para estar momentáneamente en una soledad más profunda. Lejos está entonces el arte de Giacometti de lo que llamamos miserabilismo. Pareciera más bien que su arte se propone descubrir esa herida secreta de todo ser y hasta de toda cosa, a fin de que los ilumine."]

Traducción de Jaime Arrambide. "El artista que busca iluminar la herida de todo ser" in ADN cultura, La Nación, Buenos Aires, 12 de octubre de 2012


Alberto Giacometti

dimanche 7 octobre 2012

Les tournants

"Nous pensons à tort que les événements de notre vie sont franchis une fois pour toutes: il en est d'eux comme de ces paysages depuis longtemps dépassés, mais que chaque tournant de la route nous présente à nouveau, et sous un nouvel aspect. Ainsi, chaque mouvement de notre âme fait des malheurs anciens un malheur nouveau, totalement différent de celui que nous nous félicitons de n'avoir plus à souffrir, et, parce que chaque fois l'éclairage, les proportions, l'horizon même à changé, nous en souffrons chaque fois comme si c'était la première." 

Marguerite Yourcenar, La Nouvelle Eurydice in Œuvres romanesques, Paris, Gallimard - Pléiade, 1991, p. 1282 


Henri Rousseau
Vue de l'Île Saint-Louis prise du port Saint-Nicolas (1888)
Huile sur toile - 46 x 55 cm 

["Pensamos erróneamente que los hechos de nuestra vida son superados de una vez por todas: sucede con ellos lo mismo que con esos paisajes dejados atrás hace tiempo, pero que cada curva de la ruta vuelve a presentarnos bajo un nuevo aspecto. Del mismo modo, cada movimiento de nuestro espíritu hace de las desgracias pasadas una desgracia nueva, totalmente diferente de aquella que nos felicitamos de no tener que volver a sufrir, y, porque cada vez la iluminación, las proporciones, el horizonte mismo han cambiado, volvemos a sufrir cada vez como si fuera la primera."]

mercredi 26 septembre 2012

La surface

"Est-il possible qu’en dépit de toutes les inventions et de tous les progrès, qu’en dépit de la civilisation, de la religion, de la philosophie, on en soit resté à la surface de la vie ? Est-il possible qu’on ait encore recouvert cette superficie, qui était du moins quelque chose, d’une étoffe incroyablement ennuyeuse, qui la fait ressembler à des meubles de salon pendant les vacances d’été?

Oui, c’est possible."

RILKE, Rainer Maria, Les Carnets de Malte Laurids Brigge, Paris, Gallimard, 1991, p. 39



Léopold Survage
Composition (1915)
Oil on canvas - 55.3 x 46.4 cm

["¿Es posible que pese a todas las invenciones y todos los progresos, que pese a la civilización, la religión, la filosofía, permanezcamos en la superficie de la vida? ¿Es posible que hayamos, incluso, recubierto esa superficie, que al menos era algo, con una tela increíblemente aburrida, que la hace parecerse a muebles de salón durante las vacaciones de verano?

Sí, es posible."]

jeudi 20 septembre 2012

L'angoisse

"Elle se relève. Elle découvre qu'elle a tout le corps couvert de sueur. Même son ventre se couvre de sueur. L'angoisse est une si ancienne compagne. Ce n'est peut-être pas la plus commode des compagnes qui se trouvent dans ce monde mais c'est une bonne conseilleuse. La gorge qui se serre est une fée, pénible, cruelle, mais qui lit admirablement dans les cartes que le temps distribue. Plus jamais elle ne combat frontalement l'angoisse. Elle en connaît trop les stratagèmes, et les vertiges."

Pascal Quignard, Les solidarités mystérieuses, Paris, Gallimard, 2011, p. 34 


William Bouguereau
Biblis (1884)
 48 cm x 79 cm 

["Ella se levanta. Ella descubre que tiene todo el cuerpo cubierto de sudor. Incluso su vientre se cubre de sudor. La angustia es una vieja compañera. Quizá no es la compañera más cómoda del mundo pero es una buena consejera. La garganta que se anuda es un hada, agobiante, cruel, pero que lee admirablemente las cartas que el tiempo distribuye. Nunca más ella hace frente a la angustia. Ella conoce demasiado sus estratagemas, y sus vértigos."]

mardi 28 août 2012

Madone

LVII
A une Madone
Ex-voto dans le goût espagnol

Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse,
Un autel souterrain au fond de ma détresse,
Et creuser dans le coin le plus noir de mon coeur,
Loin du désir mondain et du regard moqueur,
Une niche, d'azur et d'or tout émaillée,
Où tu te dresseras, Statue émerveillée.
Avec mes Vers polis, treillis d'un pur métal
Savamment constellé de rimes de cristal,
Je ferai pour ta tête une énorme Couronne ;
Et dans ma jalousie, ô mortelle Madone,
Je saurai te tailler un Manteau, de façon
Barbare, roide et lourd, et doublé de soupçon,
Qui, comme une guérite, enfermera tes charmes ;
Non de Perles brodé, mais de toutes mes Larmes !
Ta Robe, ce sera mon Désir, frémissant,
Onduleux, mon Désir qui monte et qui descend,
Aux pointes se balance, aux vallons se repose,
Et revêt d'un baiser tout ton corps blanc et rose.
Je te ferai de mon Respect de beaux Souliers
De satin, par tes pieds divins humiliés,
Qui, les emprisonnant dans une molle étreinte,
Comme un moule fidèle en garderont l'empreinte.
Si je ne puis, malgré tout mon art diligent,
Pour Marchepied tailler une Lune d'argent,
Je mettrai le Serpent qui me mord les entrailles
Sous tes talons, afin que tu foules et railles,
Reine victorieuse et féconde en rachats,
Ce monstre tout gonflé de haine et de crachats.
Tu verras mes Pensers, rangés comme les Cierges
Devant l'autel fleuri de la Reine des Vierges,
Étoilant de reflets le plafond peint en bleu,
Te regarder toujours avec des yeux de feu ;
Et comme tout en moi te chérit et t'admire,
Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe,
Et sans cesse vers toi, sommet blanc et neigeux,
En Vapeurs montera mon Esprit orageux.

Enfin, pour compléter ton rôle de Marie,
Et pour mêler l'amour avec la barbarie,
Volupté noire ! des sept Péchés capitaux,
Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux
Bien affilés, et, comme un jongleur insensible,
Prenant le plus profond de ton amour pour cible,
Je les planterai tous dans ton Coeur pantelant,
Dans ton Coeur sanglotant, dans ton Coeur ruisselant !

BAUDELAIRE, Charles, Les Fleurs du Mal, Paris, Librairie Générale Française, 1999, p. 107-108



"Louis XV series of 28 works" , 2004 
Ed. 5, photo 
50 x 61 cm

LVII
A una madona
Exvoto al gusto español

Quiero erigir par ti, Madona, amante mía,
un altar subterráneo al fondo de mi desamparo,
y horadar en el rincón más negro de mi corazón,
lejos del deseo mundanal y de la mirada burlona,
una hornacina, esmaltada de oro y de azul,
donde tú te erguirás, maravillada Estatua.
Con mis Versos bruñidos, malla de metal puro
sabiamente cuajada de rimas de cristal,
haré para tu cabeza una inmensa Corona;
y con mis Celos, oh Madona letal,
sabré confeccionarte un Manto, de manera
bárbara, tosca y rígida, y forrado de recelo,
que, como una garita, encerrará tus encantos;
¡bordado no con Perlas, sino con todas mis Lágrimas!
Tu Vestido será mi Deseo, estremecido,
oscilante, mi Deseo que crece y que desciende,
en las cimas se mece, en los valles descansa,
y reviste con un beso todo tu cuerpo blanco y rosa.
Te haré con mi Respeto unos lindos Zapatos
de raso, humillados por tus divinos pies,
que, por encarcelarlos en un abrazo blando,
guardarán su huella igual que un molde fiel.
Si, pese a todo mi arte diligente, no puedo
labrarte por Escabel una Luna de plata,
situaré a la Serpiente que me roe las entrañas
bajo tus talones, para que pisotees y ridiculices,
Reina victoriosa y fecunda en redenciones,
a ese monstruo infatuado de odio y salivazos.
Verás que mis Pensamientos, en hileras como los Cirios
ante el altar florido de la Reina de las Vírgenes,
constelando de reflejos el techo pintado de azul,
te miran siempre con unos ojos de fuego;
y como todo en mí se enternece contigo y te admira,
todo se hará Benjuí, Incienso, Mirra, Olíbano,
y hacia ti sin cesar, cumbre blanca y nevada,
ascenderá en Vapores mi atormentado Espíritu.

Por último, para completar tu papel de María,
y para mezclar el amor con la barbarie,
¡voluptuosidad negra!, con los siete Pecados capitales,
verdugo repleto de remordimientos, haré siete Puñales
muy afilados y, como un malabarista impasible,
señalando por blanco lo más profundo de tu amor,
los clavaré uno a uno en tu Corazón mientras jadea,
en tu Corazón mientras solloza, en tu Corazón chorreante.

BAUDELAIRE, Charles, Las Flores del Mal, Madrid, EDAF, 2009, p. 130-131
Traducción: Pedro Provencio



"Louis XV series of 28 works" , 2004 
Ed. 5, photo 
61 x 50 cm

jeudi 16 août 2012

Le torse humain

"Elle prend ensuite le carnet de cuir gris, tanné de ses doigts à elle, de ses paumes à lui, où ils notaient tout deux leurs impressions, librement. S'étaient-ils rencontrés ailleurs que dans ce duo fragmenté? Il avait écrit Un aveugle qui chante et un enfant infirme, Le silence entre deux amis, Cheval qui court en liberté et, aussi, Le torse humain... Elle mit bout à bout ces bris de vie et écrivit au-dessus Les Trente-Trois Noms de Dieu. Elle apposa l'initiale J. et la date, le 22 mars 1982. Elle ajouta en sous-titre "Essai d'un journal sans date et sans pronom personnel". Le texte paraîtra le 1er juin 1986, dans la Nouvelle Revue française."

Michèle Goslar, Yourcenar. Biographie. "Qu'il eût été fade d'être heureux", Bruxelles, Racine, 1998, p. 324




Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), 
Torse d'homme
Vers 1799 - Huile sur toile

[Ella toma enseguida el carnet de cuero gris, curtido por los dedos de ella, por las palmas de él, en el que ambos anotaban sus impresiones, libremente. ¿Se habían encontrado en otro sitio más allá de ese dúo fragmentado? Él había escrito Un ciego que canta y un niño inválidoEl silencio entre dos amigosCaballo que corre en libertad y, también, El torso humano... Ella reunió uno tras otro esos fragmentos de vida y escribió encima Los Treinta y Tres Nombres de Dios. Puso la inicial J. y la fecha, 22 de marzo de 1982. Agregó el subtítulo "Ensayo de un diario sin fecha y sin pronombre personal". El texto aparecerá el 1º de junio de 1986 en la Nouvelle Revue française."]



Marguerite Yourcenar, Los treinta y tres nombres de Dios - Les trente-trois noms de Dieu, (Gallimard, 1987), Córdoba, Alción Editora, 2003 - Traducción: Silvia Baron Supervielle

dimanche 12 août 2012

"On vogue aussi bien dans l'Infini et l'Éternel en gondole."
Marguerite Yourcenar. Lettre à Georges de Crayencour du 4 juin 1987. Fonds Georges de Crayencour. 




Canaletto (Giovanni Antonio Canal)
Le grand canal et l'église de la Salute (1730)
Huile sur toile - 49,5 × 72,5 cm


vendredi 10 août 2012

Sophie


"La tendresse humaine a besoin de solitude autour d'elle, et d'un minimum de calme dans l'insécurité. On fait mal l'amour, ou l'amitié, dans une chambrée entre deux corvées de fumier. Contre toute attente, ce fumier, c'est ce qu'était devenue pour moi la vie à Kratovicé. Sophie seule tenait bon dans cette atmosphère d'un ennui sinistre et véritablement mortel, et il est assez naturel que le malheur résiste mieux aux emmerdements que son contraire." 

Marguerite Yourcenar, Le Coup de Grâce, Paris, Gallimard, (1939), 1978, p. 175 



Amedeo Modigliani

Girl with Polka-Dot Blouse 
Oil on canvas, 1919

["La ternura humana necesita soledad a su alrededor y un mínimo de sosiego dentro de la inseguridad. Se hace mal el amor o se vive mal la amistad en un dormitorio de tropa, entre dos faenas de quitar estiércol. Al revés de lo que yo había esperado, la vida en Kratovicé se había convertido para mí en ese estiércol. Tan sólo Sophie resistía en aquella atmósfera de un tedio siniestro y verdaderamente mortal, y es bastante natural, pues la infelicidad resiste mejor los contratiempos que su contraria."]

Traducción: Emma Calatayud

jeudi 10 mai 2012

Les traits

"Assise à la poupe, Sappho regarde vaciller à la lueur d'une lanterne ce beau visage de jeune mâle qui est maintenant son seul soleil humain. Elle retrouve dans ses traits certaines caractéristiques aimées jadis dans la jeune fille en fuite: la même bouche tuméfiée que semble avoir piquée une mystérieuse abeille, le même petit front dur sous des cheveux différents et qui cette fois semblent trempés dans le miel, les mêmes yeux pareils à deux longues turquoises troubles, mais enchâssés dans un visage hâlé au lieu d'être livide, de sorte que la blême jeune fille brune semble n'avoir été qu'une simple cire perdue de ce dieu de bronze d'or."
Marguerite Yourcenar, Sappho ou le suicide in Feux, (Plon, 1957), Paris, Gallimard, 1974, p. 207-208



Artist: Adolphe William Bouguereau
Baigneuse Accroupie (1884)
Huile sur toile - 116 x 89 cm
Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts

["Sentada en la popa, Safo contempla, a la luz de un farol, cómo tiembla aquel hermoso rostro de hombre joven que es ahora su único sol humano. Descubre en sus facciones ciertas características antaño amadas en la muchacha desaparecida: la misma boca tumefacta como si la hubiera picado una misteriosa abeja, la misma frente pequeña y dura bajo unos cabellos diferentes y que ahora parecen empapados de miel, los mismos ojos semejantes a dos largas turquesas rubias, pero engarzadas en un rostro tostado en lugar de ser blanco, de suerte que la pálida joven de cabellos oscuros le parece haber sido una simple reproducción de aquel dios de bronce y oro."]
Traducción de Emma Calatayud.

samedi 28 avril 2012

Perdu

"Il y a que je suis au bord du gouffre.
Au bord de tomber dans le cratère amoureux.
Il y a que demain, au plus tard après demain,  je serai fou de lui.
Et perdu".

Gilles Leroy, Dormir avec ceux qu'on aime, Paris, Mercure de France, 2011, p. 58


George Platt Lynes
Bill Harris (1945) 

["Pasa que estoy al borde del abismo.
Al borde de caer en el cráter amoroso.
Pasa que mañana, a más tardar pasado mañana, estaré loco por él.
Y perdido"]

mercredi 21 mars 2012

L'Objet Aimé

"Tu pourrais t'effondrer d'un seul bloc dans le néant où vont les morts: je me consolerais si tu me léguais tes mains. Tes mains seules subsisteraient, détachées de toi, inexplicables comme celles des dieux de marbre devenues poussière et chaux de leur propre tombe. Elles survivraient à tes actes, aux misérables corps qu'elles ont caressés. Entre les choses et toi, elles ne serviraient plus d'intermédiaires: elles seraient elles-mêmes changées en choses." 

Marguerite Yourcenar, Feux, Gallimard, Paris, 1974, p. 71-72 


Jean Auguste Dominique Ingres
Étude pour la figure d'Angélique - Musée du Louvre

["Podrías hundirte de un solo golpe en la nada, adonde van los muertos: yo me consolaría si me dejaras tus manos en herencia. Sólo tus manos subsistirían, separadas de ti, inexplicables como las de los dioses de mármol convertidos en polvo y cal de su propia tumba. Sobrevivirían a tus actos, a los miserables cuerpos que han acariciado. Entre las cosas y tú no harían ya de intermediarias: ellas mismas se transformarían en cosas."] 
Traducción: Emma Calatayud

jeudi 16 février 2012

En toute sympathie...

"Dans les librairies de la Cinquième Avenue, elle signe son livre à la chaîne d'un chaleureux "with all my sympathy", sans comprendre pourquoi ses lecteurs repartent la mine défaite: la formule, qu'elle a traduite littéralement, est en réalité un message de condoléances..."

LELIÈVRE, Marie-Dominique, Sagan à toute allure, Paris, Denoël, 2008, p. 69




["En las librerías de la Quinta Avenida, firma su libro, uno tras otro, con un caluroso "with all my sympathy", sin comprender por qué sus lectores parten con mala cara: la fórmula, que ella tradujo literalmente, es en realidad un mensaje de condolencias..."]

dimanche 1 janvier 2012

Lire. Aimer. Penser

"Lire. Aimer. Penser. Le plaisir de lire comme celui d'aimer viennent de l'expérience de la rencontre avec la pensée d'un autre hors de toute rivalité, et hors de tout dessein qui subordonnerait le fonctionnement de l'esprit. On partage la saisie de l'autre."

QUIGNARD, Pascal, Vie secrète, Paris, Gallimard, 1998, p. 429




Alighiero e Boetti
29.5 cm x 29.5 cm
[Udire tra le parole = écouter à travers les mots = escuchar entre las palabras]

["Leer. Amar. Pensar. Tanto el placer de leer como el de amar provienen de la experiencia del encuentro con el pensamiento de un otro fuera de toda rivalidad, y fuera de todo propósito que subordinaría el funcionamiento del espíritu. Uno comparte la posesión del otro."]


Pascal Quignard
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