jeudi 26 février 2009

La vie


Giorgio de Chirico
Le cerveau de l'enfant (1914) 

"La vie ne serait-elle qu'un immense mensonge? Ne serait-elle que l'ombre d'un rêve fuyant? Ne serait-elle que l'écho des coups mystérieux frappés là-bas contre les rochers de la montagne dont personne paraît-il n'a vu le versant opposé."
Giorgio de Chirico, Manuscrit

mercredi 25 février 2009

L'amour


"Je ne tiens qu'aux choses qui me viennent des êtres que j'ai aimés
et qui ne sont plus."
Georges Sand

mardi 24 février 2009

Pretend

"Nat King Cole chantait Pretend. Bien sûr, le sens des paroles en anglais m'échappait totalement; pour moi, ce n'était qu'une sorte d'incantation, mais j'aimais cette chanson, et je l'avais déjà écoutée tant de fois que je pouvais répéter de mémoire les paroles du début:

Julie Delpy et Ethan Hawke - Before sunset (2004)

Pretend that you're happy when you're blue
it isn't very hard to do...

Julie Delpy et Ethan Hawke - Before sunrise (1995)

Aujourd'hui, naturellement, je sais que cela veut dire: "Faire semblant d'être heureux quand on a le cafard, ce n'est pas très compliqué." Évidemment, c'est une façon comme une autre de voir la vie, mais c'est parfois très difficile."

Shakespeare & Co. - Paris

Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, Paris, Éditions 10/18, 2002, p. 15-16

lundi 23 février 2009

François


François Bégaudeau
Laurent Cantet, Entre les murs (2008)


"Ne rien dire, ne pas s'envoler dans le commentaire, rester à la confluence du savoir et de l'ignorance, au pied du mur. Montrer comment c'est, comment ça se passe, comment ça marche, comment ça ne marche pas. Diviser les discours par des faits, les idées par de gestes. Juste documenter la quotidienneté laborieuse."
François Bégadeau, Entre les murs


dimanche 22 février 2009

Shimamoto-san


Rinko Kinkuchi
Alejandro González Iñárritu, Babel

"Cependant, même après avoir cessé de lui rendre visite, je continuai de penser à elle avec nostalgie. Au cours de cette période triste et confuse appelée adolescence, le souvenir chaleureux de Shimamoto-san m'encouragea souvent, me consola aussi parfois. Longtemps, elle tint une place à part dans mon cœur. Une place laissée libre uniquement pour elle, comme un table tranquille au fond d'un restaurant avec un carton "Réservé" posé dessus. Pourtant je croyais alors ne jamais la revoir."
Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, Paris, Éditions 10/18, 2002, p. 20-21

samedi 21 février 2009

Fée


Gustave Moreau
Fée aux griffons (vers 1876)
Huile sur toile - 212 x 120 cm 

"La beauté, l'amour, c'est là que j'en ai eu la révélation à travers quelques visages, quelques poses de femme. [...] J'ai toujours rêvé d'y entrer la nuit par effraction, avec une lanterne surprendre la fée aux griffons dans l'ombre."
André Breton. 

jeudi 12 février 2009

Pio

Pio (1999)

"Puis des souvenirs me reviennent. Ne vous effrayez pas : je ne décrirai rien ; je ne vous dirai pas les noms ; j’ai même oublié les noms, ou ne les ai jamais su. Je revois la courbe particulière d’une nuque, d’une bouche ou d’une paupière, certains visages aimés pour leur tristesse, le pli de lassitude qui abaissait leurs lèvres, ou même ce je ne sais quoi d’ingénu qu’a la perversité d’un être jeune, ignorant et rieur ; tout ce qui affleure d’âme à la surface d’un corps."

Marguerite Yourcenar, Alexis ou le Traité du Vain Combat, Paris, Gallimard, 1971, p. 70-71

mardi 10 février 2009

Susana


Roberto Aizenberg
Pintura (1981)
oil on canvas laid on wood
90 x 60 cm


"Hay pueblos que saben a desdicha. Se les conoce con sorber un poco de su aire viejo y entumido, pobre y flaco como todo lo viejo. Éste es uno de esos pueblos, Susana."


Juan Rulfo, Pedro Páramo, Barcelona, R M Verlag, [1955] 2005, p. 88


"Il y a des villages qui ont un goût de malheur. Pour les reconnaître il suffit d'humer un peu de leur air. Un air vieux et timide, pauvre et maigre comme tout ce qui est vieux. Comala est un de ces villages-là, Susana."

lundi 9 février 2009

Comala

Georges Rohner
Le village
Huile sur toile - 60 x 81 cm

"Oía de vez en cuando el sonido de las palabras, y notaba la diferencia. Porque las palabras que había oído hasta entonces, hasta entonces lo supe, no tenían ningún sonido, no sonaban; se sentían; pero sin sonido, como las que se oyen durante los sueños."

Juan Rulfo, Pedro Páramo, Barcelona, R M Verlag, [1955] 2005, p. 51

"De temps en temps j'entendais le son des mots, et je voyais la différence. Parce que les mots que j'avais entendus jusqu'à alors, alors je l'ai appris, n'avaient pas de son, ils ne sonnaient pas; on les sentait; mais sans son, comme les mots qu'on entend dans les rêves."

samedi 7 février 2009

La robe noire

Alex Katz
The black dress (1960)

"En robe noire comme toujours, parce qu'elle croyait qu'en noir on est toujours bien et que c'est qu'il y a de plus distingué, elle avait le visage excessivement rouge comme chaque fois qu'elle venait de manger. Elle s'inclina devant Swann avec respect, mais se redressa avec majesté. Comme elle n'avait aucune instruction et avait peur de faire des fautes de français elle prononçait exprès d'une manière confuse, pensant que si elle lâchait un cuir il serait estompé d'un tel vague qu'on ne pourrait le distinguer avec certitude, de sorte que sa conversation n'était qu'un graillonnement indistinct duquel émergeaient de temps à autre les rares vocables dont elle se sentait sûre. Swann crut pouvoir se moquer légèrement d'elle en parlant à M. Verdurin, lequel au contraire fut piqué."
Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Paris, Gallimard, 1987, p. 201 

mercredi 4 février 2009

L'heure exquise

Jean-Baptiste-Siméon Chardin
Basket of Wild Strawberries (1761)
Oil on canvas - 38 x 46 cm

Leurre exquis...
Or, tout était truqué. Du plâtre en la farine
Dans le sel, de la terre, et, dans le pain, de tout.
Du poisson daans le vin, puis, pour couper la toux
Des pastilles de miel en pure saccharine.

De vieux pneus en lambeaux tassés dans des terrines
Deviennent tripes. Mais les restaurants surtout
Avec des bas morceaux font des plats de haut goût
Dont le prix approche le goût, on le devine.

Boris Vian
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