jeudi 31 décembre 2009

Bonne Année!!

"Les années se suivent et ne se ressemblent pas."

Marcel Proust, La Prisonnière, Paris, Gallimard, 1988, p. 299



[Los años se suceden y no se parecen.]

[Years come one after the other and they do not look alike.]

Bonne Année!
¡Feliz Año!
Happy New Year!

St Loup

vendredi 25 décembre 2009

Si je puis...




Constantin Brancusi
Le Baiser (1907)

If I can stop one heart from breaking,
I shall not live in vain;
If I can ease one life the aching,
Or cool one pain,
Or help one fainting robin
Unto his nest again,
I shall not live in vain.

Emily Dickinson, If I Can Stop One Heart From Breaking

Si puedo detener un corazón de romperse,
no habré vivido en vano.
Si puedo aliviar el dolor en una vida,
O suavizar una pena,
O ayudar a un débil petirrojo
Hacia su nido de nuevo,
No habré vivido en vano.

Si je puis empêcher un seul cœur de se briser,
Je n'aurai pas vécu en vain.
Si je puis alléger une seule vie de la douleur,
Ou apaiser une seule peine,
Ou aider un faible merle à regagner son nid,
Je n'aurai pas vécu en vain

jeudi 17 décembre 2009

La courbe

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille de astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.


Paul Eluard, La courbe de tes yeux




Max Ernst
La vierge corrigeant l'enfant Jésus devant trois témoins: André Breton, Paul Eluard et le peintre
(1926) 
Huile sur toile - 196 x 130 cm



La curva de tus ojos da la vuelta a mi corazón.

Una ronda de danza y de dulzura,
aureola del tiempo, nocturna y segura cuna
y si ya no sé todo lo que he vivido
es que tus ojos no me vieron siempre.

Hojas de día y espuma de rocío,
cañaveral del viento, sonrisas perfumadas,
alas cubriendo el mundo de luz,
barcos cargados con el cielo y con el mar,
cazadores de los ruidos, fuentes de los colores.

Perfumes nacidos de un enjambre de auroras
que yace siempre sobre el heno de los astros,
como el día depende de la inocencia,
el mundo entero depende de tus ojos puros
y toda mi sangre fluye en sus miradas.



Paul Eluard, La curva de tus ojos

lundi 14 décembre 2009

La modernité

"Ainsi il va, il court, il cherche. Que cherche-t-il? À coup sûr, cet homme, tel que je l'ai dépeint, ce solitaire doué d'une imagination active, toujours voyageant à travers le grand désert d'hommes, a un but plus élevé que celui d'un pur flâneur, un but plus général, autre que le plaisir fugitif de la circonstance. Il cherche ce quelque chose qu'on nous permettra d'appeler la modernité: car il ne se présente pas de meilleur mot pour exprimer l'idée en question. Il s'agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, de tirer l'éternel du transitoire."
Charles Baudelaire, Écrits sur l'art, Paris, Le livre de Poche, 1992, p. 517


Édouard Manet
Olympia (1863)
Huile sur toile - 130.5 x 190 cm

"Así va, corre, busca. ¿Qué busca? Con seguridad, ese hombre, tal como lo he descripto, ese solitario dotado de una imaginación activa, siempre viajando a través del gran desierto de hombres, tiene un propósito más elevado que el de un puro "flâneur", un propósito más general, distinto del placer fugitivo de la circunstancia. Busca ese algo que nos permitirá hablar de la modernidad: pues no se hace presente mejor palabra para explicar la idea en cuestión. Se trata, para él, de extraer de la moda lo que ella pueda contener de poético dentro de la historia, de extraer lo eterno de lo transitorio."

dimanche 6 décembre 2009

Texte


"Il n'y a pas de hors texte" ne veut pas dire que tout est papier, saturé d'écriture, mais que toute expérience est structurée comme un réseau de traces renvoyant à autre chose qu'elles-mêmes. Autrement dit, il n'y a pas de présent qui ne se constitue sans renvoi à un autre temps, un autre présent
Jacques Derrida



Les publications de Jacques Derrida, chez lui, Ris Orange, France

"No hay nada por fuera del texto" no quiere decir que todo es papel, saturado de escritura, sino que toda experiencia se encuentra estructurada como una red de huellas que remiten a algo más que a ellas mismas. Dicho de otro modo, no hay presente que se constituya sin remitir a otro tiempo, a otro presente.

samedi 28 novembre 2009

Aujourd'hui

Maya Plisetskaya, La mort du cygne (1969)

Camille Saint-Saëns - Michel Fokine

"Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas."

Albert Camus, L'Étranger

[Mamá ha muerto hoy. O quizás ayer, no lo sé.]

jeudi 19 novembre 2009

Toujours, toujours, toujours

"Ça n'a rien à voir avec un rêve. Je rêve souvent, mais les rêves, leur réalité je veux dire, s'effacent avec le temps. Mais ça, c'est différent. Le temps a beau passer, l'impression reste vivante. Ça garde toujours, toujours, toujours sa réalité. Ça revient flotter devant mes yeux."
Haruki Murakami, Danse, danse, danse, Paris, Seuil, 1995, p. 73

Henri Rousseau
Le rêve (1910)
Huile sur toile - 204,5 x 298,5 cm

["Eso no tiene nada que ver con un sueño. Sueño con frecuencia, pero los sueños, su realidad quiero decir, se borra con el tiempo. Pero eso es diferente. Por más que el tiempo pase su impresión permanece viva. Sigue siendo siempre, siempre, siempre real. Vuelve y flota ante mis ojos."]

jeudi 5 novembre 2009

Ce lieu

Richard Paul Lohse

Serial elements concentrated in rhythmic groups

1949/1956/1 Oil/canvas, 90 × 90 cm

“Toute en regardant tomber la pluie, je songeais à cette sensation d’être englobé par quelque chose, d’en faire partie. Et je songeais aussi que quelqu’un, quelque part, pleurait pour moi. Comme si cela appartenait à un monde extrêmement lointain. Un incident qui se produisait sur la Lune ou sur un endroit de ce genre. Finalement, ce n’était jamais qu’un rêve, et j’aurais beau tendre les mains, j’aurais beau courir de toutes mes forces, je ne pourrais jamais attiendre ce lieu.

Pourquoi quelqu’un pleure-t-il pour moi?

Haruki Murakami, Danse, danse, danse, Paris, Seuil, 1995, p.12

“Mirando caer la lluvia, soñaba con la sensación de ser contenido por algo, de forma parte de ello. Y soñaba también que alguien, en alguna parte, lloraba por mí. Como si eso perteneciera a un mundo extremadamente lejano. Un incidente que se producía en la luna o en algún lugar parecido. Finalmente, no era más que un sueño, y aunque tendiera las manos, aunque corriera con todas mis fuerzas, nunca podría alcanzar ese lugar.

¿Por qué alguien llora por mí?

jeudi 29 octobre 2009

Magie et bonheur


Sebastián Ingrassia
Traumland

“Walter Benjamin dit quelque part que la première expérience que l’enfant a du monde, n’est pas que “les adultes sont plus forts, mais qu’il est incapable de magie”. Cette affirmation faite sous l’effet de la mescaline, n’en est pas moins exacte. Il est probable en effet que l’invincible tristesse dans laquelle sombrent parfois les enfants naisse précisément de cette prise de conscience qu’ils ne sont pas capables de magie. Ce qu’il nous est donné d’atteindre à travers nos mérites et nos efforts ne peut nous rendre véritablement heureux. Seule la magie en est capable. C’est ce qui n’avait pas échappé au génie infantile de Mozart. Dans une lettre à Bullinger, il indique avec précision la secrète solidarité qui lie la magie et le bonheur : “Vivre bien et vivre heureux sont deux choses différentes, et la seconde, sans magie, ne m’arrivera certainement pas. Pour que je sois heureux, il faudrait qu’arrive quelque chose de vraiment extérieur à l’ordre naturel.“

Giorgio Agamben, “Magie et bonheur” dans Profanations, Paris, Rivages, 2006

Sebastián Ingrassia
Traumland

“Walter Benjamin dijo una vez que la primera experiencia que el niño tiene del mundo no es que “los adultos son más fuertes, sino su incapacidad de hacer magia”. La afirmación, efectuada bajo el efecto de una dosis de veinte miligramos de mescalina, no es por esto menos exacta. Es probable, en efecto, que la invencible tristeza en la cual se sumergen cada tanto los niños provenga precisamente de esta conciencia de no ser capaces de hacer magia. Aquello que podemos alcanzar a través de nuestros méritos y de nuestras fatigas no puede, de hecho, hacernos verdaderamente felices. Sólo la magia puede hacerlo. Esto no se le escapó al genio infantil de Mozart, quien en una carta a Bullinger señaló con precisión la secreta solidaridad entre magia y felicidad: “Vivir bien y vivir felices son dos cosas distintas; y la segunda, sin alguna magia, no me ocurrirá por cierto. Para que esto suceda, debería ocurrir alguna cosa verdaderamente fuera de lo natural". 

Giorgio Agamben, "Magia y felicidad" en Profanaciones, Buenos Aires, Adriana Hidalgo, 2005, p. 21  

Sebastián Ingrassia
Traumland

samedi 24 octobre 2009

Fragments, ombres

"Nous sommes tous incomplets, dit le Sage. Nous sommes tous partagés, fragments, ombres, fantômes sans consistance. Nous avons tous cru pleurer et cru jouir depuis des séquelles de siècles. [...]
-Le désir t'a appris l'inanité du désir, dit-il; le regret t'enseigne l'inutilité de regretter. Prends patience, ô Erreur dont nous sommes tous une part, ô Imparfaite grâce à qui la perfection prend conscience d'elle-même, ô Fureur qui n'es pas nécessairement immortelle..."
Marguerite Yourcenar, Nouvelles orientales, Paris, Gallimard, 1963, p. 127

Ivana Salfity
Portrait

"-Todos estamos incompletos -dijo el Sabio-. Todos nos hallamos divididos y somos fragmentos, sombras, fantasmas sin consistencia. Todos creemos llorar y gozar desde hace siglos. [...]
-El deseo te enseñó la inanidad del deseo; el arrepentimiento te enseña la inutilidad de arrepentirse. Ten paciencia, ¡oh, Error!, del que todos formamos parte... ¡Oh, Imperfecta!, en quien la perfección toma conciencia de sí misma, ¡oh Furor!, que no eres necesariamente inmortal..."
Marguerite Yourcenar, Cuentos orientales, Buenos Aires, Alfaguara, 2005, pp 108-109. Traducción de Emma Calatayud
 

samedi 17 octobre 2009

Des dieux

"Vivre jusqu'à la dernière minute sans savoir à quelle heure on va mourir est le plus beau cadeau que les dieux nous font, des dieux, quel que soit leur nom, en qui, rien que pour cette raison, on devrait croire."
François Weyergans, Trois jours chez ma mère, Paris, Grasset, 2005, p. 108

Girodet
Atala au tombeau (1807)
Huile sur toile - 207 x 267 cm 

["Vivir hasta el último minuto sin saber a qué hora vamos a morir es el más bello regalo que nos han hecho los dioses; dioses, cualquiera sea su nombre, en los que, nada más que por esta razón, habría que creer."]

dimanche 11 octobre 2009

Les mots

"Je commençais à me découvrir. Je n'étais presque rien, tout au plus une activité sans contenu, mais il n'en fallait pas davantage.  J'échappais à la comédie: je ne travaillais pas encore mais déjà je ne jouais plus, le menteur trouvait sa vérité dans l'élaboration de ses mensonges. Je suis né de l'écriture: avant elle, il n'y av
ait qu'un jeu de miroirs; dès mon premier roman, je sus qu'un enfant s'était introduit dans le palais de glaces. Écrivant, j'existais, j'échappais aux grandes personnes; mais je n'existais que pour écrire et si je disais: moi, cela signifiait: moi qui écris."
Jean-Paul Sartre, Les mots, Paris, Gallimard, 1964 p. 126

Red Morning Trouble
Gilbert & George
Mixed media - 1977 

[Comenzaba a descubrirme. No era casi nada, totalmente una actividad sin contenido, pero no hacía falta más. Escapaba al teatro: no trabajaba todavía pero ya no jugaba más, el mentiroso encontraba su verdad en la elaboración de sus mentiras. Nací de la escritura: antes de ella, no había más que un juego de espejos; desde mi primera novela supe que un niño se había introducido en el palacio de cristal. Escribiendo existía, escapaba a los adultos; pero no existía más que para escribir y si decía: yo, eso significaba: yo que escribo.]

samedi 10 octobre 2009

La passion II



Eusebio Poncela - Antonio Banderas
Pedro Almodóvar, La ley del deseo (1987)

"Il faut convenir, chère amie, que les passions sont un accident dans la vie, mais cet accident ne se rencontre que chez les âmes supérieures..." Stendhal, Le rouge et le noir, Paris, Gallimard, 1972, p. 465
"Les vraies passions sont égoïstes". 
Ibid, p. 143
"Toute vraie passion ne songe qu'à elle". 
Ibid. p. 239

Eusebio Poncela 

[Es necesario precisar, querida amiga, que las pasiones son un accidente en la vida, pero ese accidente no se encuentra sino en las almas superiores.
Las verdaderas pasiones son egoistas.
Toda verdadera pasión no sueña más que consigo misma".]

Eusebio Poncela - Antonio Banderas
Pedro Almodóvar, La ley del deseo (1987)

La passion

Penélope Cruz
Pedro Almodóvar, Los abrazos rotos (2009) 

...un film debe terminarse siempre "aunque sea ciego". 


Lluis Homar

 
...il faut toujours finir un film « même en aveugle ».


Ángela Molina - Penélope Cruz

jeudi 8 octobre 2009

Le baiser

"...on rompt des liens plus aisément qu'on ne s'échappe à soi-même; et, pour y réussir, déjà faut-il le désirer; or, ce n'est pas à linstant où je commençais à me découvrir, que je pouvais souhaiter me quitter, sur le point de découvrir en moi les tables de ma loi nouvelle. Car il ne me suffisait pas de m'émanciper de la règle; je prétendais légitimer mon délire, donner raison à ma folie."

André Gide, Si le grain ne meurt, Paris, Gallimard, 1955, p. 362


Javier Van de Couter
dans La nuit où Larry Kramer m'a embrassé
de David Drake

[... es más fácil romper con los lazos que escaparse de sí mismo; y, para tener éxito, hace falta ya desearlo; sin embargo, no era en el instante en que comenzaba a descubrirme que podía desear abandonarme, a punto de descubrir en mí las tablas de mi nueva ley. Pues no me bastaba con emanciparme de la regla; yo pretendía legitimar mi delirio, darle razón a mi locura..]

jeudi 1 octobre 2009

Le visage

Portraits (1998)

"Au mur, il y a un trou blanc, la glace. C'est un piège. Je sais que je vais m'y laisser prendre. Ça y est. La chose grise vient d'apparaître dans la glace. Je m'approche et je la regarde, je ne peux plus m'en aller.
C'est le reflet de mon visage. Souvent, dans ces journées perdues, je reste à le contempler. Je n'y comprends rien, à ce visage. Ceux des autres ont un sens. Pas le mien. Je ne peux même pas décider s'il est beau ou laid. je pense qu'il est laid, parce qu'on me l'a dit. Mais cela ne me frappe pas. Au fond je suis même choqué qu'on puisse lui attribuer des qualités de ce genre, comme si on appelait beau ou laid un morceau de terre ou bien un bloc de rocher.
Il y a quand même une chose qui fait plaisir à voir, au-dessus des molles régions des joues, au-dessus du front: c'est cette belle flamme rouge qui dore mon crâne, ce sont mes cheveux. Ça, c'est agréable à regarder. C'est une couleur nette au moins: je suis content d'être roux. C'est là, dans la glace, ça se fait voir, ça rayonne. J'ai encore de la chance: si mon front portait une de ces chevelures terne qui 'arrivent pas à se décider entre le châtain et le blond, ma figure se perdrait dans le vague, elle me donnerait le vertige."
Jean-Paul Sartre, La nausée, Paris, Gallimard, 1938, pp. 33-34

[En la pared hay un agujero blanco, el espejo. Es una trampa. Sé que voy a dejarme atrapar. Ya está. La cosa gris acaba de aparecer en el espejo. Me acerco y la miro; ya no puedo irme.
Es el reflejo de mi rostro. A menudo en estos días perdidos, me quedo contemplándolo. No comprendo nada en este rostro. Los de los otros tiene un sentido. El mío, no. Ni siquiera puedo decidir si es lindo o feo. Pienso que es feo, porque me lo han dicho. Pero no me sorprende. En el fondo, a mí mismo me choca que puedan atribuirle cualidades de ese tipo, como si llamaran lindo o feo a un montón de tierra o a un bloque de piedra.
Sin embargo hay algo agradable a la vista, encima de las regiones blandas de las mejillas, sobre la frente: la hermosa llamarada roja que me dora el cráneo, mi pelo. Es agradable de mirar. Por lo menos es un color definido: estoy contento de ser pelirrojo. Ahí, en el espejo, se hace ver, resplandece. Tengo suerte: si mi frente llevara una de esas cabelleras que no llegan a decidirse entre el castaño y el rubio, mi cara se perdería en el vacío, me daría vértigo.]
Jean-Paul Sartre, La náusea, México, Editorial Época, p. 13. Traducción de Aurora Bernárdez.


vendredi 25 septembre 2009

Insaisissable, immémorisable

Carolina Magnin
151-2 - Série Aeropostale (2007)
Photographie digitale sous acrylique - impression lambda
100 x 160 cm


"Imprimer la forme à une durée, c'est l'exigence de la beauté mais aussi celle de la mémoire. Car ce qui est informe est insaisissable, immémorisable."
Milan Kundera, La lenteur, Paris, Gallimard, 1995, p. 44

[Darle forma a una duración es la exigencia de la belleza y también de la memoria. Pues aquello que es informe es inasequible, inmemorizable.]

dimanche 20 septembre 2009

Prochain, proche

"Quand je te revois, tout redevient limpide. J'accepte de souffrir. 

Et tu t'en vas? Tu t'en vas?... Non, tu ne t'en vas pas: je te garde... Tu me laisses dans les mains ton âme comme un manteau. 

Prochain? Non, tu es proche. Je te plains comme moi-même."

Marguerite Yourcenar, Feux, Paris, Gallimard, 1974, p.136

Bruxelles, mars 2008

[Cuando vuelvo a verte, todo se torna límpido. Acepto sufrir. 

¿Y te vas? ¿Te vas?... No, no te vas: te retengo... Dejás en mis manos tu alma como un abrigo. 

¿Prójimo? No, próximo. Te compadezco como a mí misma.]

samedi 19 septembre 2009

Le bonheur



Pablo Harymbat
Buenos Aires (2008)

"La felicidad consiste en poder olvidar un amor que ya fue, encontrarse con lo que se puede amar y decidir sin preocuparse por lo normal."
Germán García

Pablo Harymbat
devant son œuvre - Buenos Aires (2008)

[Le bonheur consiste à pouvoir oublier un amour déjà passé, se retrouver avec ce qu'on peut aimer et décider sans se soucier de ce qui est normal.]



jeudi 17 septembre 2009

Temps sensible



Sonia Delaunay
Gouache (1926) - 21 x 27 cm


Je ne sais depuis combien de temps je suis ici. Si l'on reste perméable aux éléments de l'île – aux parfums des algues, aux cris des mouettes, au vent qui relève le soleil - le temps se dilate, il vous soûle. Flashes d'enfance, rêves éveillés, abrutissements d'où ne subsistent que des sensations, et puis rien. Ce temps soufflé, qui double toujours mon calendrier dans l'île, est la perception la plus concrète, ou, si l'on veut, l'image la plus exacte que je puisse donner du temps logique à partir duquel j'observe mes rêves. Ni hors du temps, ni ligne point à point. Écartelé entre les deux: un carrefour, un réseau, une hypertrophie.
Julia Kristeva, Temps sensible

[No sé cuánto tiempo llevo aquí. Si uno permanece permeable a los elementos de la isla - al perfume de las algas, a los gritos de las gaviotas, al viento que realza el sol - el tiempo se dilata, embriaga. Recuerdos de infancia, sueños despiertos, embrutecimientos de los que no subsisten más que sensaciones, y más tarde nada. Ese tiempo inflado, que dobla siempre mi calendario en la isla, es la percepción más concreta, o, si se quiere, la imagen más exacta que pueda dar del tiempo lógico a partir del cual observo mis sueños. Ni fuera del tiempo, ni línea punto a punto. Descuartizado entre los dos: un cruce de caminos, una red, una hipertrofia.]

dimanche 6 septembre 2009

La maladie

Stephan Crasneanski

“Vous demandez comment le sentiment d’aimer pourrait survenir. Elle vous répond:  Peut-être d’une faille soudaine dans la logique de l’univers. Elle dit: Pr exemple d’une erreur. Elle dit: jamais d’un vouloir. Vous demandez: Le sentiment d’aimer pourrait-il survenir d’autres choses encore? Vous la suppliez de dire. Elle dit: De tout, d’un vol d’oiseau de nuit, d’un sommeil, d’un rêve de sommeil, de l’aproche de la mort, d’un mot, d’un crime, de soi, de soi-même, soudain sans savoir comment. Elle dit: Regardez. Elle ouvre ses jambes et dans le creux de ses jambes écartées vous voyez en fin la nuit noire. Vous dites: C’était là, la nuit noire, c’est là.

Elle dit: Viens. Vous venez. Entré dans elle, vous pleurez encore. Elle dit: Ne pleure plus. Elle dit: Prenez-moi pour que cela ait été fait.

Vous le faites, vous prenez.

Cela est fait.

Elle se rendort."

Marguerite Duras, La maladie de la mort, Paris, Minuit, 1982, pp. 52-53

"Usted le pregunta cómo podría surgir el sentimiento de amar. Ella le responde: quizás de una falla repentina en la lógica del universo. Ella dice: Por ejemplo de un error. Ella dice: nunca de un querer. Usted le pregunta: ¿el sentimiento de amar podría surgir de otras cosas aún? Usted le suplica decir. Ella dice: De todo, de un vuelo de pájaro de noche, de un sueño, de un sueño de sueño, de la cercanía de la muerte, de una  palabra, de un crimen, de sí, de sí mismo, repentinamente sin saber cómo. Ella dice: mire. Abre sus piernas y en el hueco de sus piernas separadas usted ve al fin la noche negra. Usted dice: era ahí, la noche negra, era ahí.

Ella dice: Vení. Usted viene. Dentro de ella, usted llora todavía. Ella dice: No llores más. Ella dice: Tómeme para que eso haya sido hecho.

Usted lo hace, usted toma.

Eso es hecho.

Ella vuelve a dormirse.  "

samedi 5 septembre 2009

Madonna - Miles Away (OFFICIAL VIDEO HQ)

Sans doute il y a des choses qui sont restées " so faraway"...

[Sin duda hay cosas que quedaron "so faraway"...]

jeudi 27 août 2009

Eau

Marina Rubino
Arsénico (2008)


"La mort de l'eau est plus songeuse que la mort de la terre: la peine de l'eau est infinie".
Gaston Bachelard

"La muerte del agua es más pensativa que la muerte de la tierra: la pena del agua es infinita".


mardi 25 août 2009

Le corps

Dino Bruzzone
Shaila I (2006)
120 x 158 cm C-Print
www.dinobruzzone.com

"Le corps est l'extension de l'âme jusqu'aux extrémités du monde et jusqu'aux confins du soi, l'un dans l'autre intriqués et indistinctement distincts étendue tendue à se rompre."
Jean-Luc Nancy, Jean-Luc, L’extension de l’âme dans Le Portique
http://leportique.revues.org/index905.html

"El cuerpo es la extensión del alma hasta las extremidades del mundo y hasta los confines del sí, el uno en el otro intrincados e indistintamente distintos, extensión tensa hasta romperse.”
Nancy, Jean-Luc, Extensión del alma, México, La Cebra, 2007, p. 51

samedi 15 août 2009

Ici


Peter Halley
Forever (2009)
Acrylic, Day-Glo acrylic and Roll-a-Tex on canvas
203.2 x 139.7 cm

"J'avais peur. Le seul lieu avec lequel je sentais encore un lien, si ténu soit-il, c'était ici.  Je sentais que je faisais partie d'ici. Je ne savais pas où était cet "ici". Mais fondamentalement, voilà ce que je ressentais: je faisais partie d'ici."
Haruki Murakami, Danse, danse, danse, Paris, Seuil, 1995,  p.129

"Tenía miedo. El único lugar al cual me sentía aún ligado, por más ténue que fuera, era aquí. Sentía que formaba parte de aquí. No sabía dónde estaba ese "aquí". Pero fundamentalmente, eso era lo que sentía: que era parte de aquí."

vendredi 14 août 2009

L'imprimé

Josef Albers
Homage to the square (1964)
Oil on composition board - 122.2 x 122.2 cm

"L'art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer."
Henri Bergson

["El arte apunta a imprimir sentimientos en nosotros más que a explicarlos."]

jeudi 13 août 2009

Nature

"Le dialogue avec la nature reste pour l'artiste une condition sine qua non. L'artiste est homme; il est lui-même nature, morceau de la nature dans l'aire de la nature."
Paul Klee

Daniel Kiblisky
Palmar (2007)
Photo sur papier - 50 x 75 cm

["El diálogo con la naturaleza es para el artista una condición sine qua non. El artista es hombre; él mismo es naturaleza, un pedazo de naturaleza en la superficie de la naturaleza."]

mercredi 12 août 2009

La (non)communication II

 

Nathalie Baye - Sergi López 
Frédéric Fonteyne, Une liaison pornographique (1999)

-vous...
-quoi, moi?
-vous... ça va?
-j'ai l'air malade?


-y vos...
-¿yo qué?
-vos... ¿todo bien?
-¿tengo cara de enfermo?

dimanche 9 août 2009

Interpellations II





SALIDA DE EMERGENCIA - SORTIE DE SECOURS 
Oficina Proyectista
Juan-Miguel Dothas
5 al 28 de agosto de 2009


mardi 4 août 2009

Interpellations

Juan-Miguel Dothas

Interpelaciones

Oficina Proyectista

Perú 82, 6º, Of. 82,

Buenos Aires, Argentina.

(Du 5 jusqu'au 28 août)


"Ante la ley hay un guardián. Un campesino se presenta frente a este guardián, y solicita que le permita entrar en la Ley. Pero el guardián contesta que por ahora no puede dejarlo entrar. El hombre reflexiona y pregunta si más tarde lo dejarán entrar.

-Tal vez -dice el centinela- pero no por ahora."

Si querés saber qué hizo el campesino podés seguir leyendo el cuento de Kafka:

http://www.ciudadseva.com/textos/cuentos/euro/kafka/antela.htm

Aquí sólo cuenta lo que vos decidas hacer.

 

 "Devant la loi se dresse le gardien de la porte. Un homme de la campagne se présente et demande à entrer dans la loi. Mais le gardien dit que pour l'instant il ne peut pas lui accorder l'entrée. L'homme réfléchit, puis demande s'il lui sera permis d'entrer plus tard.

C'est possible, dit le gardien, mais pas maintenant.”

Si tu veux savoir ce que l’homme de la campagne a fait, voici le conte de Kafka :

http://www.lyber-eclat.net/kafka.html

Ici ce qui compte c’est ce que tu décideras de faire.

vendredi 31 juillet 2009

Lumière et Langage

« Le monde est fait de surfaces superposées, archives ou strates. Aussi le monde est-il savoir. Mais les strates sont traversées d’une fissure centrale, qui répartit d’un côté les tableaux visuels, de l’autre côté les courbes sonores : l’énonçable et le visible sur chaque strate, les deux formes irréductibles du savoir, Lumière et Langage, deux vastes milieux d’extériorité où se déposent respectivement les visibilités et les énoncés. »
Gilles DELEUZE, Foucault, Paris, Minuit, 1986, p. 128-129.




 4 grids
François Morellet (1958)
Huile sur toile

["El mundo está hecho de superficies superpuestas, archivos o estratos. También el mundo es saber. Pero los estratos se encuentran atravesados por una fisura central que reparte de un lado los cuadros visuales y del otro las curvas sonoras: lo enunciable y lo visible de cada estrato, las dos formas irreductibles del saber, Luz y Lenguaje, dos vastos medios de exterioridad en los que se depositan respectivamente las visibilidades y los enunciados."]

mardi 28 juillet 2009

Le regard

Kristin Scott Thomas
Philippe Claudel, Il y a longtemps que je t'aime (2008)

"Je pense qu'il est important de réapprendre l'attente, la patience, et la pénétration du regard."
Philippe Claudel

Elsa Zylberstein
Philippe Claudel, Il y a longtemps que je t'aime (2008)

["Pienso que es importante reaprender la espera, la paciencia, la penetración de la mirada."]

dimanche 26 juillet 2009

Saint Philippe

Giorgio Agamben (Saint Philippe)

Pier Paolo Pasolini, Il vangelo secondo Matteo (1964) 

Les Grecs n’avaient pas un terme unique pour exprimer ce que nous entendons par le mot vie. Ils utilisaient deux termes sémantiquement et morphologiquement distincts : zoé, qui exprimait le simple fait de vivre commun à tous les vivants (animaux, hommes ou dieux), et bios, qui signifiait la forme ou’ la manière de vivre propre d’un être singulier ou d’un groupe. Avec les langues modernes, cette opposition disparaît graduellement du lexique (lorsqu’elle est conservée comme dans biologie et zoologie, elle n’indique plus aucune différence substantielle) et un seul terme - dont l’opacité croît proportionnellement à la sacralisation de son référent - désigne dans sa nudité le présupposé commun qu’il est toujours possible d’isoler dans chacune des innombrables formes de vie.

Avec le terme forme-de-vie nous entendons, au contraire, une vie qui ne peut jamais être séparée de sa forme, une vie dont il n’est jamais possible d’isoler quelque chose comme une vie nue.

Giorgio Agamben, “Forme de vie” dans Multitudes Web

[Los griegos no tenían un término único para expresar lo que entendemos por la palabra vida. Utilizaban dos términos semántica y morfológicamente distintos: zoé, que expresaba el simple hecho de vivir común a todos los seres vivientes (animales, hombres o dioses), y bios, que significaba la forma o la manera de vivir propia de un ser singular o de un grupo. Con las lenguas modernas, esta oposición desapareció gradualmente del léxico (pese a que se la conservó en casos como biología y zoología, aunque ya no marque ninguna diferencia substancial). Un único término –cuya opacidad crece proporcionalmente a la sacralización de su referente- designa en su desnudez el presupuesto común que es siempre posible aislar en cualquiera de las innombrables formas de vida.

Contrariamente, por el término forma de vida entendemos una vida que nunca puede ser separada de su forma, una vida en la cual nunca es posible aislar una cosa tal como una vida desnuda.] 

dimanche 19 juillet 2009

"... je me réveille et me demande où je suis. Je me pose réellement cette question: "Où suis-je?" Question totalement inutile, car je connais la réponse depuis le début: je suis dans ma vie, voilà où je suis. Ma vie. Un appendice à ce sentiment d'existence réelle nommée "moi". "
Haruki Murakami, Danse, danse, danse, Paris, Seuil, 1995, p.7

Agnes Martin
Wood (1964)
Ink on paper - 27.7 x 27.7 cm

["... me despierto y me pregunto dónde estoy. Formulo realmente la pregunta: "¿Dónde estoy?" Pregunta absolutamente inútil, pues conozco la respuesta desde el principio: estoy en mi vida, es ahí donde estoy. Mi vida. Un apéndice de ese sentimiento de existencia real llamada "yo"."]

vendredi 17 juillet 2009

La solitude

Billie Holiday 

(Baltimore, 7 avril 1915 - New York, 17 juillet 1959)

In my solitude
You haunt me
With dreadful ease
Of days gone by

In my solitude
You taunt me
With memories
That never die

I sit in my chair
And filled with despair
There no one could be so sad
With gloom everywhere
I sit and I stare
I know that I'll soon go mad

In my solitude
I'm afraid
Dear lord above
Send back my love

Duke Ellington / Eddie Delange / Irving Mills

mercredi 8 juillet 2009

La (non)communication

"[Car] la communication est un acte, et, ce fait même, elle est surtout choix. À l'intérieur de l'univers signifiant à partir duquel elle opère, elle choisit chaque fois certaines significations et en exclut d'autres. La communication est donc l'exercice d'une certaine liberté, mais d'une liberté limitée. 
Les contraintes du discours sont de deux sortes. En prenant l'énoncé que l'on peut considérer comme l'acte de communication achevé, se suffisant à lui-même, on s'aperçoit que la liberté de sa formulation s'inscrit dans un réseau de contraintes apriorique. Il ne peut être conçu, en effet, que -comme le fait Hjelmslev- dans le cadr
e contraignant des catégories temporelles, aspectuelles, modales. [...]
D'un autre côté, le monde humain et "naturel" qui entoure le locuteur, et qui sert de cadre très général à l'intérieur duquel se réalisent les événements-messages, est relativement stable. La liberté de la communication est donc limitée par l'habitude, qui, sur le plan linguistique, s'exprime par la répétition. Aux situations données -et qui se répètent- correspondent des messages identiques ou comparables. En para
phrasant  la pensée de Lacan, on peut dire que deux sortes de folie guettent l'humanité: d'un côté, la schizophrénie, l'exaltation de la liberté totale dans la communication, et qui aboutit à la non-communication; de l'autre, la parole totalement socialisée, itérative, le "tu causes, tus causes, c'est tout ce que tu sais faire" de Queneau, et qui, elle aussi, est la négation de la communication, privée d'information."
Algirdas Julien Greimas, Sémantique structurale, Paris, PUF, 1986, p. 36 

Juan-Miguel Dothas
A n'en plus finir (2006)
Aquarelle sur papier - 16.6 x 11 cm

["[Pues] la comunicación es un acto, y por ello mismo es ante todo una elección. En el interior del universo significante a partir del cual ella opera, elige cada vez ciertas significaciones y excluye otras. La comunicación es, por lo tanto, el ejercicio de una cierta libertad, pero de una libertad limitada. 
Los avatares del discurso responden a dos órdenes. Al tomar al enunciado, al cual puede considerarse como el acto de la comunicación acabado, autosuficiente, se aprecia que la libertad de su formulación se inscribe en una red de avatares apriórica. En efecto, no puede ser concebido más que  -como lo hace Hjelmslev- dentro del marco problemático de las categorías temporales, aspectuales, modales. [...]
Por otra parte, el mundo humano y "natural" que rodea al locutor, y que sirve de marco muy general dentro del cual se realizan los hechos-mensajes, es relativamente estable. La libertad de la comunicación se encuentra entonces limitada por el hábito, el cual, sobre el plano lingüístico, se manifiesta a través de la repetición. A situtaciones dadas -y que se repiten- corresponden mensajes idénticos o comparables. Parafraseando el pensamiento de Lacan, puede decirse que dos clases de locura acechan a la humanidad: por un lado la esquizofrenia, la exaltación de la libertad total en la comunicación y que culmina en la no comunicación; por el otro la palabra totalmente socializada, iterativa, el "hablás, hablás, es todo lo que sabés hacer" de Queneau, y que, ella también, es la negación de la comunicación, privada de información."]
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