Lita (1964)
Oil on canvas - 60 x 60 inches
"C'est une femme longue, sèche, vigoureuse, une de ces femmes blondes qui pourraient aussi bien être brunes. Elle avait un peu plus de cinquante ans, ne les paraissait pas et elle parlait gaiement de l'amour en femme que ça n'intéresse plus mais qui en garde de bons souvenirs. En conséquence, les femmes l'aimaient bien et les hommes lui faisaient une cour égrillarde avec de grands rires. Elle faisait partie de cette vaillante petite cohorte de femmes quinquagénaires qui, à Paris, se débrouillent, et pour vivre et pour rester à la mode -parfois même pour la faire. Claire Santré avait toujours, dans ses dîners mondains, un ou deux Américains, un ou deux Vénézuéliens dont elle prévenait à l'avance qu'ils n'étaient pas drôles mais qu'elle était en affaires avec eux. Ils dînaient chez elle près d'une femme à la mode, suivaient difficilement une conversation faite d'énigmes, d'ellipses et de plaisanteries incompréhensibles dont on pouvait espérer qu'il feraient au retour, un joyeux récit à Caracas. Moyennant quoi, Claire avait l'exclusivité des tissus vénézuéliens en France ou le contraire et ses réceptions ne manquaient du whisky. Au demeurant, c'était une habile personne et elle ne disait du mal de quelqu'un que lorsque c'était indispensable pour n'avoir pas l'air stupide."
Françoise Sagan, La Chamade, Paris, Juillard, 1965, p. 19-20
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