mercredi 29 avril 2009

Pygmalion


Paul Delvaux
Pygmalion (1939)
Huile sur toile - 117 x 147.5 cm

"Cet été les roses sont bleues; le bois c'est du verre. La terre drapée dans sa verdure me fait aussi peu d'effet qu'un revenant. C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs."
André Breton, Manifeste du surréalisme, Paris, Gallimard, ([1924] 1962; 1979), p. 60 

"Este verano las rosas son azules; la madera es vidrio. La tierra arropada en su verdor me causa tan poco efecto como un aparecido. Es vivir y dejar de vivir, las cuales son soluciones imaginarias. La existencia está en otra parte."

mardi 28 avril 2009

Volodia (II)

Jason Rodgers
Charly

"Volodia avait trompé le temps jusqu'à l'extrême limite, attendant le dernier jour que nous passions ensemble pour réaliser ce à quoi il souhaitait que je renonce, se donnant ainsi tout le temps de ne pas faire ce qu'il voulait n'avoir jamais désiré."
Gilles Leroy, L'amant russe, Paris, Mercure de France, 2002, p. 133

"Volodia se había burlado del tiempo hasta el extremo límite, esperando hasta el último día que pasábamos juntos para concretar eso a lo que él deseaba que yo renunciara, dándose así todo el tiempo de no llevar a cabo lo que hubiera preferido no haber deseado jamás."

samedi 25 avril 2009

Le désespoir


Jean (Hans) Arp
Configuration (1951)
Litographie - 56.8 x 38 cm

"Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s'échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment."
André Breton/Philippe Soupault, "La glace sans tain" dans Les champs magnetiques, Heidelberg, Wunderhorn, 1990, p. 10

"Esta noche, somos dos frente a este río que desborda nuestra desesperación. No podemos siquiera pensar. Las palabras se escapan de nuestras bocas retorcidas y, mientras reimos, los transeúntes se dan vuelta, sorprendidos, y corren a sus casas precipitadamente."

vendredi 24 avril 2009

L'allégresse

Marie Laurencin
Portrait de Juliette Roche Gleizes (Ca. 1917-1918)
Huile sur carton - 58.5 x 46 cm
"Tout ce qui jusqu’ici composait l’originalité, la délicatesse des arts féminins dans la dentelle, la broderie, la tapisserie de Bayeux, etc., nous les retrouvons ici transfiguré, purifié. L’art féminin est devenu un art majeur et on ne le confondra plus avec l’art masculin. L’art féminin est fait de bravoure, de courtoisie, d’allégresse. Il danse dans la lumière et s’alanguit dans le souvenir. Il n’a jamais connu l’imitation, il n’est jamais descendu aux bassesses de la perspective. C’est un art heureux.
[…] L’art féminin, l’art de Mlle. Laurencin, tend à devenir une pure arabesque humaniste par l’observation attentive de la nature et qui, étant expressive, s’éloigne de la simple décoration tout en demeurant aussi agréable."
Guillaume Apollinaire, « Méditations esthétiques. Les Peintres cubistes. Peintres nouveaux » dans Œuvres en prose complètes, Paris, Gallimard, 1991, p.34-39
"Todo lo que hasta aquí formaba parte de la originalidad, la delicadeza de las artes femeninas en el encaje, el bordado, la tapicería de Bayeux, etc., lo encontramos aquí transfigurado, purificado. El arte femenino se ha convertido en un arte mayor y ya no se lo confundirá con el arte masculino. El arte femenino está hecho de bravura, de cortesía, de alegría. Baila en la luz y perdura en el recuerdo. Nunca conoció la imitación, ni descendió jamás a las bajezas de la perspectiva. Es un arte feliz.
[...]
El arte femenino, el arte de Mlle. Laurencin, tiende a volverse un arabesco humanista puro por la observación atenta de la naturaleza, la cual, aún expresiva, se aparta de la simple decoración resultando también agradable. "

mardi 21 avril 2009

L'apparence

Emil Nolde
Still Life, Tulips, (Ca.1930)
Watercolor on paper - 46.9 x 34.2 cm

"Les grands poètes et les grands artistes ont pour fonction sociale de renouveler sans cesse l'apparence que revêt la nature aux yeux des hommes.
Sans les poètes, sans les artistes les hommes s'ennuieraient vite de la monotonie naturelle. L'idée sublime qu'ils ont de l'univers retomberait avec une vitesse vertigineuse."

Guillaume Apollinaire, "Méditations esthétiques. Les Peintres cubistes. Sur la peinture" dans OEuvres en prose complètes II, Paris, Gallimard, 1991, p. 12

"Los grandes poetas y los grandes artistas tienen como función social renovar sin cesar la apariencia que reviste la naturaleza ante los ojos de los hombres.
Sin los poetas, sin los artistas los hombres se aburrirían rápidamente de la monotonía natural. La idea sublime que tienen del universo caería con una rapidez vertiginosa."

lundi 20 avril 2009

La constellation

Oil and tempera on canvas - 17 1/8 x 17 1/8 inches

"L'art ne reproduit pas le visible; il rend visible. Et le domaine graphique, de par sa nature même, pousse à bon droit aisément à l'abstraction."
Paul Klee, "Credo du créateur" dans Théorie de l'Art Moderne

"El arte no reproduce lo visible; vuelve visible. Y el dominio gráfico, por su misma naturaleza, empuja fácilmente y con razón hacia la abstracción."
Paul Klee, "Credo del creador" en Teoría del arte moderno, Buenos Aires, Cactus, 2007, p. 35


Paul Klee
Arches of the Bridge Break Ranks (1937)
Charcoal on cloth, mounted on paper
Cloth: 16 3/4 x 16 1/2 inches; paper: 19 5/8 x 18 3/8 inches

jeudi 16 avril 2009

Le désir (II)


Anouk Aimée
Claude Lelouch - Un homme et une femme (1966) 

«Le cinéma substitue à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs.»
André Bazin
"El cine pone frente a nuestros ojos un mundo acorde con nuestros deseos."

Jean-Louis Trintignant
Claude Lelouch - Un homme et une femme (1966) 

mardi 14 avril 2009

Le poète et sa muse

Henri Rousseau
La muse inspirant le poète (1909)
(Marie Laurencin et Guillaume Apollinaire)
Huile sur toile - 146 x 97 cm

"Comme peintre de portraits, Rousseau est incomparable. [...] J'ai eu deux fois l'honneur d'être peint par Rousseau, dans son petit atelier de la rue Perrel, je l'ai vu souvent travailler et je sais quel souci il avait de tous les détails, quelle faculté il avait de garder la conception primitive et définitive de son tableau jusqu'à ce qu'il l'eût achevé et aussi qu'il n'abandonnait rien au hasard et rien sourtout de l'essentiel."

Guillaume Apollinaire, Méditations esthétiques. Les Peintres cubistes. Peintres nouveaux dans OEuvres en prose complètes II, Paris, Gallimard 1991, p. 37


"Como pintor de retratos, Rousseau es incomparable. [...] He tenido dos veces el honor de ser pintado por Rousseau en su pequeño taller de la calle Perrel; lo he visto trabajar a menudo y sé cuánto celo ponía en todos los detalles, cuán grande era su capacidad para mantener la concepción primitiva y definitiva de su obra hasta haberla terminado; no dejaba nada librado al azar, nada de lo esencial sobre todo."

dimanche 12 avril 2009

Le retour


Aurélie Nemours
Retour
Gouache sur papier - 37,7 x 35,8 cm

"Les pleures la réveillent. Elle vous regarde. Elle regarde la chambre. Et de nouveau elle vous regarde. Elle caresse votre main. Elle demande: Vous pleurez pourquoi? Vous dites que c'est à elle de dire pourquoi vous pleurez, que c'est elle qui devrait le savoir.
Elle répond tout bas, dans la douceur: Parce que vous n'aimez pas. Vous répondez que c'est ça.
Elle vous demande de le lui dire clairement. Vous le lui dites: Je n'aime pas.
Elle dit: Jamais?
Vous dites: Jamais.
Elle dit: L'envie d'être au bord de tuer un amant, de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale, vous ne la connaissez pas, vous ne l'avez jamais connue?
Vous dites: Jamais.
Elle vous regarde, elle répète: C'est curieux un mort."
Marguerite Duras, La maladie de la mort, Paris, Minuit, 1982, p. 44-45

samedi 11 avril 2009

Les changements


Gustave Caillebotte
Nasturces (1892)

"[...] "On dirait que le temps a changé". Ces mots me remplirent de joie, comme si la vie profonde, le surgissement de combinaisons différentes qu'ils impliquaient dans la nature, devait annoncer d'autres changements, ceux-là se produisant dans ma vie, et y créer de possibilités nouvelles. Rien qu'en ouvrant la porte sur le parc avant de partir, on sentait qu'un autre "temps" occupait depuis un instant la scène; des souffles frais, volupté estivale, s'élevaient dans la sapinière (où jadis Mme de Cambremer rêvait de Chopin) et presque imperceptiblement, en méandres caressants, en remous capricieux, commençaient leurs légers nocturnes."  
Marcel Proust, Sodome et Gomorre, Paris, Gallimard, 1988, p. 365

samedi 4 avril 2009

Le désir (I)


Jacques-Emile Blanche 
Portrait de Marcel Proust (1892)
Huile sur toile - 73.5 x 60,5 cm

"Notre moindre désir bien qu'unique comme un accord, admet en lui les notes fondamentales sur lesquelles toute notre vie est construite. Et parfois si nous supprimions l'une d'elles, que nous n'entendons pas pourtant, dont nous n'avons pas conscience, qui ne se rattache en rien à l'objet que nous poursuivons, nous verrions pourtant tout notre désir de cet objet s'évanouir". 
Marcel Proust, Albertine disparue, Paris, Gallimard, 1992, p. 207

jeudi 2 avril 2009

Le matin

Un matin à Ouchy

"Le matin est mon séjour. Il s'y trouve pour moi une tristesse sobre et transparente. J'ai presque froid et encore chaud des chaleurs du lit. Je suis toujours à ce point de la journée à demi percé quant au coeur de je ne sais quel trait qui me ferait venir des larmes sans cause -à demi fou de lucidité sans objet- et d'une froide et implacable tension de compréhension. [...] Le matin agit et pousse ses pensées dans le temps vierge."

Paul Valéry, Cahiers I, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, 1973, p. 110-111
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