samedi 28 juin 2008

La baie


David Hockney, Small Santa Monica and the the Bay from the mountains (1990)  

"On croit que selon son désir on changera autour de soi les choses, on le croit parce que, hors de là, on ne voit aucune solution favorable. On ne pense pas à celle qui se produit le plus souvent et qui est favorable aussi: nous n'arrivons pas à changer les choses selon notre désir, mais peu à peu notre désir change."

Marcel Proust, Albertine disparue


David Hockney, Malibu House (1988)

["Uno cree que según su deseo, cambiará a su alrededor las cosas; uno lo cree porque fuera de ello no encuentra solución favorable alguna. Uno no piensa en la que se produce la mayoría de las veces y que es favorable también: no conseguimos cambiar las cosas según nuestro deseo, pero poco a poco nuestro deseo cambia."]

vendredi 27 juin 2008

IMMENSE ET ROUGE

Immense et rouge
Au-dessus du Grand Palais
Le soleil d'hiver apparaît
Et disparaît
comme lui mon coeur va disparaître
Et tout mon sang va s'en aller
S'en aller à ta recherche
Mon amour
Ma beauté
Et te trouver
Là où tu es.

Jacques Prévert


Irène Jacob - Krzysztof Kieslowski, Trois couleurs - Rouge (1993)

[Inmenso y rojo
Por encima del Grand Palais
El sol de invierno aparece
Y desaparece
como él mi corazón desaparecerá
Y toda mi sangre se irá
Irá en tu búsqueda
Mi amor
Mi belleza
Para encontrarte
Ahí donde estás.]

mardi 24 juin 2008

A very stylish girl


Un petit appel te reveille. Tu ne le sais pas mais il t’annonce l’arrivée d’un beau jour. Toute une journée partagée avec une « very stylish girl »…



[Un llamado te despierta. No lo sabés pero te anuncia la llegada de un lindo día. Una jornada entera compartida con una “very stylish girl”…]

lundi 23 juin 2008

Tête-à-tête


Truman Capote, 1947© Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

"Tout vient de plus loin et va plus loin que nous. Autrement dit, tout nous dépasse et on se sent humble et émerveillé d'avoir été ainsi traversé et dépassé".
Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts - Entretiens avec Matthieu Galey
["Todo viene de más lejos y va más lejos que nosotros. Dicho de otro modo, todo nos sobrepasa y uno se siente humilde y maravillado de haber sido de tal modo atravesado y sobrepasado."]

jeudi 19 juin 2008

Intertextes


Un morceau de Faulkner en français dans un roman de Sagan trouvé par hasard dans la bibliothèque d'une amie, copié dans un carnet de voyage. Le texte original copié d'une page d'Internet. La traduction en espagnol. Une femme qui revoit sa vie à travers l'angoisse d'une autre. Le dialogue d'un homme avec une statue. La vie n'est qu'un intertexte.

[Un fragmento de Faulkner en francés en una novela de Sagan encontrada por casualidad en la biblioteca de una amiga, copiado en un diario de viaje. El texto original copiado de una página de Internet. La traducción al español. Una mujer que revé su vida a través de la angustia de otra. El diálogo de un hombre con una estatua. La vida no es más que un intertexto.]



“…La respectabilité. C’est elle qui est responsable de tout. J’ai compris, il y a déjà quelque temps, que c’est l’oisiveté qui engendre toutes nos vertus, nos qualités les plus supportables –contemplation, égalité d´humeur, paresse, laisser les gens tranquilles, bonne digestion mentale et physique : la sagesse de concentrer son attention sur les plaisirs de la chair –manger, évacuer, forniquer, lézarder au soleil. Il n’y a rien d’autre en ce monde que vivre le peu de temps qui nous est accordé, respirer, être vivant et le savoir. »
William Faulkner, Les Palmiers sauvages, dans Françoise Sagan, La Chamade




“…Respectability. That's what did it. I found out some time ago that it's idleness breeds all our virtues, our most bearable qualities--contemplation, equableness, laziness, letting other people alone; good digestion mental and physical: the wisdom to concentrate on fleshly pleasures--eating and evacuating and fornication and sitting in the sun--than which there is nothing better, nothing to match, nothing else in all this world but to live for the short time you are loaned breath, to be alive and know it— ”
William Faulkner, The wild palms, in Françoise Sagan, La Chamade



“…Respetabilidad. De eso se trata. Supe hace algún tiempo que es el ocio lo que engendra todas nuestras virtudes, nuestras más soportables cualidades –contemplación, serenidad, haraganería, dejar a los demás tranquilos; buena digestión mental y física: la sabiduría para concentrarse en los placeres de la carne –comer, evacuar, fornicar, sentarse al sol-. No hay nada mejor, nada comparable, nada más en este mundo más allá de vivir el corto tiempo que se nos ha acordado, estar vivo y saberlo.”
William Faulkner, Las palmeras salvages, en Françoise Sagan, La Chamade


lundi 16 juin 2008

MODERATO CANTABILE

"Anne Desbaresdes sourit.
-Que je bois du vin en votre compagnie, termina-t-elle -elle rit subitement dans un éclat-, mais pourquoi ai-je tant envie de rire aujourd'hui?
Il s'approcha de son visage assez près, posa ses mains contre les siennes sur la table, cessa de rire avec elle.
-La lune était presque pleine cette nuit. On voyait bien votre jardin, comme il est bien entretenu, lisse comme un miroir. C'était tard. Le grand couloir du premier étage était encore allumé.
-Je vous l'ai dit, parfois je dors mal.
Il joua à faire tourner son verre dans sa main afin de lui faciliter les choses, de lui laisser l'aise, comme il crut comprendre qu'elle le désirait, de le regarder mieux. Elle le regarda mieux.
-Je voudrais boire un peu de vin -elle réclama plaintivement, comme déjà lésée. Je ne savais pas que l'habitude vous en venait si vite. Voilà que je l'ai presque, déjà.
Il commanda le vin. Ils le burent ensemble avec avidité, mais cette fois rien ne pressa Anne Desbaresdes de boire, que son penchant naissant pour l'ivresse de ce vin. Elle attendit un moment après l'avoir bu et, avec la voix douce et fautive de l'excuse, elle recommença à questionner cet homme.
-Je voudrais que vous me disiez maintenant comment ils en sont arrivés à ne plus même se parler. "
Marguerite Duras, Moderato Cantabile


[“Anne Desbaresdes sonrió.
-Cuánto vino bebo cuando estoy con usted, concluyó ella –estalló en risas súbitamente- pero ¿por qué tengo tantas ganas de reír hoy?
Él se acercó a su cara, posó sus manos contra las de ella sobre la mesa, dejó de reír a la par de ella.
-La luna era casi llena esa noche. Su jardín podía verse sin problema, la manera en que estaba cuidado, liso como un espejo. Era tarde. El gran corredor del primer piso estaba todavía iluminado.
-Ya se lo dije, a veces duermo mal.
Él jugó a hacer girar su vaso en su mano, con el propósito de facilitar las cosas, de hacerla sentirse cómoda, como él creyó comprender que ella lo desearía, de mirarlo mejor. Ella lo miró mejor.
-Quisiera beber un poco de vino- reclamó ella quejosamente, como dañada ya. No sabía que el hábito se establecía en usted con tanta rapidez. Fíjese que ya casi lo tengo.
Él pidió el vino. Bebieron juntos con avidez, pero esta vez nada apresuró a Anne Desbaresdes a beber más que su naciente propensión a la ebriedad de ese vino. Ella esperó un momento después de haberlo bebido y, con la voz suave y culposa de la excusa, volvió a interrogar a ese hombre.
-Quisiera que ahora me dijera cómo llegaron a ni siquiera hablarse más.”
Marguerite Duras, Moderato Cantabile]

dimanche 15 juin 2008

De pourpre et d'or

"L'automne arriva, changeant les arbres de la montagne en autant de fées vêtues de pourpre et d'or, mais destinées à mourir aux premiers froids."

Marguerite Yourcenar, 'Le dernier amour du prince Genghi', dans Nouvelles Orientales



["El otoño llegó, transformando los árboles de la montaña en un sinnúmero de hadas vestidas de púrpura y de oro, aunque destinadas a morir con los primeros fríos."]

jeudi 12 juin 2008

Chanson d'automne


Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine

[Los largos sollozos / de los violines / del otoño / hieren mi corazón /con su extensa monotonía.
Agitado / y pálido, cuando / llega la hora / recuerdo / los días pasados / y lloro.
Y me voy / con el viento malvado / que me lleva / de aquí para allá / Al igual que a la / hoja muerta. ]


mercredi 11 juin 2008

Les étangs de Woroïno



"Vous connaissez les étangs de Woroïno; vous dites qu'ils ressemblent à de grands morceaux de ciel gris tombés sur la terre, et qui s'efforceraient de remonter en brouillard. Enfant, j'en avais peur. Je comprenais déjà que tout a son secret, et les étangs comme le reste, que la paix, comme le silence, n'est jamais qu'une surface, et que le pire des mensonges est le mensonge du calme."

Marguerite Yourcenar, Alexis ou le Traité du Vain Combat.


["Usted conoce los estanques de Woroïno; usted dice que parecen grandes pedazos de cielo gris caídos sobre la tierra, que se esforzarían por volver a subir convertidos en bruma. De niño yo les temía. Ya entonces comprendía que todo guarda su secreto, y los estanques igual que el resto; que la paz, como el silencio, es siempre nada más que una superficie, y que la peor de las mentiras es la de la calma."]

mardi 10 juin 2008

Les sculptures de Dominique Bordenave


Béatrice et Dominque sont deux grands amis que j'ai rencontrés à Montmartre. Hantés d'une folie créatrice incontestable, ils travaillent ensemble dans la mise en scène de soirées à thème.
Voilà les sculptures de Dominique, accompagnées d’un texte spécialement écrit par Oscar Léon.

"Le grillage est une dentelle moderne. Un matériau souvent utilisé
pour clôturer des espaces ou protéger des jardins. Ici il enferme des formes.
Dominique Bordenave réalise des sculptures légères, aériennes, fragiles, des apparitions, comme des fantômes… Des formes dématérialisées qui renaissent dans un autre monde. Plus glamour, plus fétiche. Au travers des formes référencées chaque chose réinterprétée en grillage dévient une icône, chaque objet perd son corps pour devenir une idée.»
Oscar Léon, Palace Costes, 2006.
dominiquebordenave@free.fr

Béatrice y Dominique son dos grandes amigos que tengo en Montmartre. Poseídos por una locura creadora incontestable, trabajan juntos en la puesta en escena de fiestas temáticas.
He aquí algunas esculturas de Dominique, acompañadas de un texto especialmente escrito por Oscar Léon.
“El alambre tejido es un encaje moderno. Un material usado para encerrar espacios o para proteger jardines. Aquí encierra formas.
Dominique Bordenave realiza esculturas livianas, aéreas, frágiles, apariciones, como fantasmas… Formas desmaterializadas que renacen en otro mundo. Más glamoroso, más fetichista. A través de las formas referenciadas cada cosa reinterpretada en alambre se vuelve un icono, cada objeto pierde su cuerpo para volverse una
idea.”

vendredi 6 juin 2008

Les mains



"Et ce fut à ce moment que mes mains m'apparurent. Mes mains reposaient sur les touches, deux mains nues, sans bague, sans anneau, -et c'était comme si j'avais sous les yeux mon âme deux fois vivante. Mes mains (j'en puis parler, parce que ce sont mes seules amies) me semblaient tout à coup extraordinairement sensitives; même immobiles, elles paraissaient effleurer le silence comme pour l'inciter à se révéler en accords. Elles reposaient, encore un peu tremblantes du rythme, et il y avait en elles tous les gestes futurs, comme tous les sons possibles dormaient dans ce clavier. Elles avaient noué autour des corps la brève joie des étreintes; elles avaient palpé, sur les claviers sonores, la forme des notes invisibles; elles avaient, dans les ténèbres, enfermé d'une caresse le contour des corps endormis."

Marguerite Yourcenar, Alexis ou le Traité du Vain Combat


["Y fue en ese momento que mis manos se me aparecieron. Mis manos reposaban sobre las teclas, dos manos desnudas, sin sortija, sin anillo -y era como tener bajo mis ojos mi alma dos veces viva. Mis manos (puedo hablar de ellas porque son mis únicas amigas) me parecían de repente extraordinariamente sensitivas; aún inmóbiles, parecían rozar el silencio como para incitarlo a revelarse en acordes. Ellas reposaban, todavía un poco temblorosas a causa del ritmo, y había en ellas todos los gestos futuros, al igual que todos los sonidos posibles dormían en ese teclado. Ellas habían atado alrededor de los cuerpos la breve alegría de los abrazos; ellas habían palpado, sobre los teclados sonoros, la forma de notas invisibles; ellas habían, en las tinieblas, encerrado en una caricia el contorno de los cuerpos dormidos."]


Merci à Guy-François, à François et à Olivier d'avoir prêté leurs mains.

jeudi 5 juin 2008

Êcrire, c'est être avec soi







"Je t'écris alors que je n'ai pas reçu de lettre de toi, en équilibre entre l'angoisse d'imaginer que, si je ne reçois rien, c'est parce que tu n'envoies rien (et pourquoi n'envoies-tu rien?) et la colère (injuste) devant la lenteur de l'acheminement du courrier en temps de guerre.
Je t'écris parce que c'est impossible de ne pas écrire, impossible de demeurer muet, impossible de ne pas tenter de te rejoindre par les mots, impossible de te chasser de mes pensées et quand ces pensées virent à l'obsession, l'écriture devient un exutoire, une thérapie.
Je t'écris parce que tes lettres mettent davantage de temps à me parvenir que je ne suis capable d'attendre avant de revenir vers toi et qu'ainsi, elles mesurent mon impatience, la montée inexorable de mon impatience.
Je t'écris parce que t'écrire, c'est être avec toi. C'est une tentative de rapprochement, vouée à l'échec si l'on considère qu'une lettre n'a jamais aboli une distance physique, mais peut-être aboutie quand on songe qu'au moment précis de l'écriture, je ne pense qu'à toi, à rien d'autre que cela qui est toi, je suis tout entier tourné vers toi. (...)"

Philippe Besson, En l'absence des hommes, Paris, Julliard, 2001 p.167-168

["Te escribo porque no he recibido ninguna carta tuya, en equilibrio entre la angustia de imaginar que si no recibo nada es porque no enviás nada (¿y por qué no enviás nada?) y la cólera (injusta) ante la lentitud del correo en tiempos de guerra.
Te escribo porque es imposible no escribir, imposible permanecer mudo, imposible no intentar reunirme con vos a través de las palabras, imposible expulsarte de mis pensamientos, y cuando esos pensamientos se tornan obsesivos, la escritura se vuelve una salida, una terapia.
Te escribo porque tus cartas tardan más tiempo en llegar del que soy capaz de esperar hasta volver a verte y, de ese modo, miden mi impaciencia, el aumento inexorable de mi impaciencia.
Te escribo porque escribirte es estar con vos. Es una tentativa de acercamiento, condenada al fracaso si se piensa que una carta no ha jamás abolido una distancia física, aunque quizás exitosa si se piensa que en el momento preciso de la escritura no pienso más que en vos, en nada que no seas vos, estoy completamente volcado hacia vos. (...)"
Philippe Besson, En ausencia de los hombres]

mercredi 4 juin 2008

Chez Noel et Gaston

C'est toujours comme ça chez eux. Une invitation à dîner qui devient une invitation au plaisir des sensations...
Un parcours à travers des coins intimes, simples, tendres, nostalgiques...



















Un pêle-mêle où l'on retrouve l'enfance, les voyages, la nature.

[Es siempre igual en su casa. Una invitación a comer que se transforma en una invitación al placer de las sensaciones...
Un recorrido a través de rincones íntimos, simples, tiernos, nostálgicos...
Un collage donde nos reencontramos con la infacia, los viajes, la naturaleza.]

mardi 3 juin 2008

Yves Saint Laurent

"Rien n'est plus beau qu'un corps nu."


"Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime. Mais, pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là."
Yves Saint Laurent (01/08/1936 - 01/06-2008)

["No hay nada más bello que un cuerpo desnudo. El más bello atuendo que puede vestir a una mujer son los brazos del hombre que ama. Pero para aquellas que no cuentan con la suerte de haber encontrado esa felicidad, aquí estoy yo."]

Mon automne à moi



"Ce n'est pas pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour."
Christian Bobin, La part manquante
["No es para volverse escritor que uno escribe. Es para encontrar en silencio ese amor que falta a todo amor."]
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