samedi 12 juillet 2008

Des rêves sans rêves


"Et, le jour où Rambert lui dit qu'il aimait se réveiller à quatre heures du matin et penser à sa ville, le docteur n'eut pas de peine à traduire du fond de sa propre expérience qu'il aimait imaginer alors la femme qu'il avait laissé. C'était l'heure en effet, où il pouvait se saisir d'elle. À quatre heures du matin, on ne fait rien en général et l'on dort, même si la nuit a été une nuit de trahison. Oui, on dort à cette heure là, et cela est rassurant puisque le grand désir d'un coeur inquiet est de posséder interminablement l'être qu'il aime ou de pouvoir plonger cet être, quand le temps de l'absence est venu, dans un sommeil sans rêves qui ne puisse prendre fin qu'au jour de la réunion."

Albert Camus, La peste, Gallimard, Paris, 1947, p. 105

Peter Halley
Three Prisons (2005)
Acrilic & Roll-a-Tex on canvas - 72 x 37/2 inches

["Y el día en que Rambert le dijo que le gustaba despertarse a las cuatro de la mañana y pensar en su ciudad, el doctor no encontró dificultad en traducir desde el fondo de su propia existencia que a él le gustaba imaginar la mujer que había dejado. De hecho, esa era la hora en que podía aferrarse a ella. A las cuatro de la mañana, en general, uno no hace otra cosa más que dormir, aún si la noche ha sido una noche de traición. Sí, uno duerme a esa hora, y eso es reconfortante puesto que el gran deseo de un corazón inquieto es el de poseer interminablemente al ser que ama, o el de poder sumergir a ese ser, cuando el tiempo de la ausencia ha llegado, en un sueño sin sueños que no pueda alcanzar su fin sino a la hora del rencuentro."]

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette musique douce, ce magnifique texte, le gris, tout ceci est très mélancolique....

St Loup a dit…

Merci de votre visite ainsi que de votre message, Virginie b.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...