mardi 2 février 2010

Venecia

Se respira una brisa de tarjeta postal. 

¡Terrazas! Góndolas con ritmos de cadera. Fachadas que reintegran tapices persas en el agua. Remos que no terminan nunca de llorar. 

El silencio hace gárgaras en los umbrales, arpegia un "pizzicato" en las amarras, roe el misterio de las casas cerradas. 

Al pasar debajo de los puentes, uno aprovecha para ponerse colorado.

Bogan en la Laguna, "dandys" que usan un lacrimatorio en el bolsillo con todas las iridiscencias del canal, mujeres que han traído sus labios de Viena y de Berlín para saborear una carne color aceituna, y mujeres que sólo se alimentan de pétalos de rosa, tienen las manos incrustadas de ojos de serpiente, y la quijada fatal de las heroínas d'Annunzianas. 

¡Cuando el sol incendia la ciudad, es obligatorio ponerse un alma de Nerón!

En los "Piccoli canali" los gondoleros fornican con la noche, anunciando su espasmo con un triste cantar, mientras la luna engorda, como en cualquier parte, su mofletudo visaje de portera.

Yo dudo que en esta Ciudad de sensualismo, existan falos más llamativos, y de una erección más precipitada, que la de los badajos del "campanile" de San Marcos.

Venecia, julio, 1921

Oliverio Girondo, "Venecia" en Obra, Buenos Aires, Losada, (1968) 2002



On respire une brise de carte postale. 

Terrasses! Gondoles avec des rythmes de hanches. Façades qui réintègrent des tapis persans dans l'eau. Rames qui n'arrêtent jamais de pleurer. 

Le silence se gargarise dans les seuils, arpège un "pizzicato" dans les amarres, ronge le mystère des maisons fermées. 

En passant par-dessous les ponts, on profite pour rougir. 

Dans le Lac voguent des "dandys", portant un lacrymatoire dans leurs poches avec toutes les irisations du canal, des femmes qui ont amené leur lèvres de Vienne et de Berlin pour savourer une chaire couleur olive, et des femmes qui ne se nourrissent que de pétales de rose, elles ont les mains incrustées de yeux de serpents, et la mâchoire fatale des héroïnes d'Annunziennes. 

Quand le soleil brûle la ville, il faut mettre une âme de Néron!

Dans les "Piccoli canali" les gondoliers forniquent avec la nuit, annonçant leur spasme d'un chant triste, pendant que la lune grossit, comme n'importe où, son visage joufflu de concierge. 

Je doute que même dans cette Ville de sensualisme, il existe des phallus  plus attirants, et d'une éréction plus précipitée, que celle des battants du "campanile" de Saint Marc.

Venice, juillet, 1921

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Une âme de Néron"?
J'adore, où ça se trouve?

Très beau texte et belle traduction.

On sait pourquoi Proust trébuche à Saint-Marc : les dalles doivent être glissantes en dessous du campanile métaphorisé par Girondo!

saintsebastien

St Loup a dit…

Merci "Saint-Anonyme" de ce message si agréable.
Mais, qu'est-ce que tu voudrais brûler avec une âme de Néron? Les dalles glissantes de la "piazzetta"?

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