One Art
The art of losing isn't hard to master;
so many things seem filled with the intent
to be lost that their loss is no disaster,
Lose something every day. Accept the fluster
of lost door keys, the hour badly spent.
The art of losing isn't hard to master.
Then practice losing farther, losing faster:
places, and names, and where it was you meant
to travel. None of these will bring disaster.
I lost my mother's watch. And look! my last, or
next-to-last, of three beloved houses went.
The art of losing isn't hard to master.
I lost two cities, lovely ones. And, vaster,
some realms I owned, two rivers, a continent.
I miss them, but it wasn't a disaster.
- Even losing you (the joking voice, a gesture
I love) I shan't have lied. It's evident
the art of losing's not too hard to master
though it may look like (Write it!) a disaster.
Elizabeth Bishop
Larry Poons (artist)
Tristan da Cugna, 1964
liquitex on canvas
overall: 183.1 x 366.2 cm (72 1/16 x 144 3/16 in.)
Un Arte
El arte de perder no es difícil de dominar;
Tantas cosas se ven llenas con el propósito
De ser perdidas, que su pérdida no es un desastre.
A diario pierde algo. Acepta la perplejidad de no encontrar
Las llaves de la puerta, la hora malamente gastada.
El arte de perder no es difícil de dominar.
Practica después perdiendo un poco más, más rápido.
Lugares y nombres y donde pretendías
Viajar, ninguno de estos traerá un desastre.
Perdí el reloj de mi madre. ¡Y mira! Mi última, o
Penúltima, de mis tres queridas casas se fueron.
El arte de perder no es difícil de dominar.
Perdí dos bellas ciudades. Y aún más vasto,
Algunos de mis reinos, dos ríos, un continente.
Sí, los extraño, pero aún así no causaron ningún desastre.
-Hasta perderte (tu voz burlona, un gesto
que amo) No debí haber mentido. Pero es obvio
El arte de perder no es tan difícil de dominar
Aunque parezca (escríbelo) un desastre.
[Traducción de Laura Jileta]
Un Art
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître ;
tant de choses semblent si pleines d'envie
d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose. L'affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l'heure gâchée qui suit.
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
Puis entraîne toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes : aux endroits, aux noms, au lieu où tu fis
le projet d'aller. Rien là qui soit un désastre.
J'ai perdu la montre de ma mère. La dernière
ou l'avant-dernière de trois maisons aimées : partie !
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
J'ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes,
des royaumes que j'avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n'y eut pas là de désastre.
Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste
que j'aime) je n'aurai pas menti. A l'évidence, oui,
dans l'art de perdre il n'est pas trop dur d'être maître
même si il y a là comme (écris-le !) comme un désastre.
[Traduction d'Alix Cléo Roubaud, Linda Orr et Claude Mouchard]
4 commentaires:
Quelle splendeur que ce texte !
Je me permets de l'ajouter dans mes commentaires avec votre lien.
En le lisant aussitôt sont venues des images du film de Nick Cassavetes, " N’oublie jamais" avec dans le rôle principal
Allie (Gena Rowlands, sa mère ).
Bravo vraiment pour ces découvertes !
sophie (des grigris)
Merci Sophie! J'adore Gena Rowands, John and Nick Cassavetes.
IMPERDIBLE!
Quel paradoxe Saint Sébastien!! ;-)
Enregistrer un commentaire