jeudi 17 septembre 2009

Temps sensible



Sonia Delaunay
Gouache (1926) - 21 x 27 cm


Je ne sais depuis combien de temps je suis ici. Si l'on reste perméable aux éléments de l'île – aux parfums des algues, aux cris des mouettes, au vent qui relève le soleil - le temps se dilate, il vous soûle. Flashes d'enfance, rêves éveillés, abrutissements d'où ne subsistent que des sensations, et puis rien. Ce temps soufflé, qui double toujours mon calendrier dans l'île, est la perception la plus concrète, ou, si l'on veut, l'image la plus exacte que je puisse donner du temps logique à partir duquel j'observe mes rêves. Ni hors du temps, ni ligne point à point. Écartelé entre les deux: un carrefour, un réseau, une hypertrophie.
Julia Kristeva, Temps sensible

[No sé cuánto tiempo llevo aquí. Si uno permanece permeable a los elementos de la isla - al perfume de las algas, a los gritos de las gaviotas, al viento que realza el sol - el tiempo se dilata, embriaga. Recuerdos de infancia, sueños despiertos, embrutecimientos de los que no subsisten más que sensaciones, y más tarde nada. Ese tiempo inflado, que dobla siempre mi calendario en la isla, es la percepción más concreta, o, si se quiere, la imagen más exacta que pueda dar del tiempo lógico a partir del cual observo mis sueños. Ni fuera del tiempo, ni línea punto a punto. Descuartizado entre los dos: un cruce de caminos, una red, una hipertrofia.]

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