jeudi 24 mars 2011

La critique et la lecture

"... tout acte critique, quel qu'il soit, attente au texte critiqué, le découpe, le limite, le déchire, l'éclate, le transforme en un corps morcelé. À cela, point d'autre réparation que la lecture, la lecture infinie."
Jean-Pierre RICHARD, Proust et le monde sensible, Paris, Seuil, 1974, p. 10


John Minihan
Bibliothèque de Samuel Beckett
Boulevard St. Jacques, Paris


["... todo acto crítico, cualquiera que sea, atenta contra el texto criticado, lo recorta, lo limita, lo desgarra, lo estalla, lo transforma en un cuerpo fragmentado. Ante eso, la única reparación posible es la lectura, la lectura infinita.]

dimanche 20 mars 2011

Le miroir I

"Dans le miroir, je me vois là où je ne suis pas, dans un espace irréel qui s’ouvre virtuellement derrière la surface, je suis là-bas, là où je ne suis pas, une sorte d’ombre qui me donne à moi-même ma propre visibilité, qui me permet de me regarder là où je suis absent – utopie du miroir. Mais c’est également une hétérotopie, dans la mesure où le miroir existe réellement, et où il a, sur la place que j’occupe, une sorte d’effet en retour ; c’est à partir du miroir que je me découvre absent à la place où je suis parce que je me vois là-bas. À partir de ce regard qui en quelque sorte se porte sur moi, du fond de cet espace virtuel qui est de l’autre côté de la glace, je reviens vers moi et je recommence à porter mes yeux vers moi-même et à me reconstituer là où je suis."

FOUCAULT, Michel, Des espaces autres. Hétérotopies, (1967), p. 3



Photo: Rick Day 

[“En el espejo, me veo donde no estoy, en un espacio irreal que se abre virtualmente detrás de la superficie, estoy allá, allá donde no estoy, una suerte de sombra que me brinda a mí mismo mi propia visibilidad, que me permite mirarme allá donde estoy ausente - utopía del espejo. Pero es igualmente una heterotopía, en la medida en que el espejo existe realmente y tiene, sobre el lugar que ocupo, una especie de efecto de retorno; es a partir del espejo que me descubro ausente en el lugar en que estoy, puesto que me veo allá. A partir de esta mirada que de alguna manera recae sobre mí, del fondo de este espacio virtual que está del otro lado del cristal, vuelvo sobre mí y empiezo a poner mis ojos sobre mí mismo y a reconstituirme allí donde estoy.”]

jeudi 3 mars 2011

Un défilé

"La mode est un processus d'élimination permanente: on est dans le coup ou has been, actuel ou passé, neuf ou ringard, juste ou faux. Faire partie des élus, des initiés, c'est être en prise directe avec l'adrénaline qui fait carburer cet organisme voué à l'apparence: un état de grâce immédiatement reconnaissable car on se retrouve assis au meilleur rang du défilé, on est invité aux soirées Saint Laurent, on fait la couverture de toutes les revues, on se trouve déifié. Mais l'exaltation d'avoir été distingué du commun des mortels s'accompagne toujours de la peur de la chute, du retour brutal à l'anonymat. Le besoin compulsif de changement qui est au coeur de la mode signifie qu'un jour viendra où l'on cessera soudain d'être in pour devenir out, d'être formidable pour se voir qualifié d'infréquentable. C'est la coexistence permanente de ces deux états d'esprit, euphorie et crainte, qui crée l'extase terrible de la mode. Il suffit d'avoir assisté à un défilé dans sa vie pour ressentir cet effroi." 
Alicia Drake, Beautiful People - Saint Laurent, Lagerfeld: splendeurs et misères de la mode, Paris, Denoël, 2008, p. 208






David Hockney
Jacques de Bascher de Beaumarchais (1973)
Catalogue de l'exposition Galerie Claude Bernard, Paris, 1975



["La moda es un proceso de eliminación permanente: de golpe uno es o has been, o actual o pasado, nuevo o anticuado, justo o falso. Formar parte de los elegidos, de los iniciados, es estar en conexión directa con la adrenalina que hace carburar ese organismo consagrado a la apariencia: un estado de gracia reconocible inmediatamente, pues uno se encuentra sentado en la primera fila del desfile, uno es invitado a las fiestas de Saint Laurent, uno aparece en la tapa de todas las revistas, uno se descubre deificado. Pero la exaltación de haber sido distinguido del común de los mortales está siempre acompañada del miedo a la caída, al retorno brutal al anonimato. La necesidad compulsiva de cambio, instalada en el corazón de la moda,  significa que llegará un día en que uno dejará repentinamente de ser in para volverse out, de ser formidable para verse calificado de infrecuentable. Es la coexistencia peremanente de esos dos estados de ánimo, euforia y miedo, que crea el éxtasis terrible de la moda. Basta con haber asistido a un desfile en su vida para sentir ese pavor."]
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