jeudi 21 mai 2009

Le sentiment

« -Es curioso que uno no pueda estar sin encariñarse con algo… Es… como si la mente segregara sentimiento, sin parar…
-¿Vos crées?
-… lo mismo que el estómago segrega jugo para digerir.
-¿Te parece ?
-Sí, como una canilla mal cerrada. Y esas gotas van cayendo sobre cualquier cosa, no se las puede atajar.
-¿Por qué?
-Qué sé yo… porque están rebalsando ya el vaso que las contiene.”
Manuel Puig, El beso de la mujer araña, Buenos Aires, Planeta, 1993, p.41

Humberto Tortonese y Martín Urbaneja

«-C’est étrange qu’on ne puisse pas se passer de s’attacher à quelque chose… C’est… comme si la pensée sécrétait du sentiment, sans arrêt…
-Tu crois ?
-…comme l’estomac sécrète des sucs digestifs.
-Tu trouves ?
-Oui, comme un robinet mal fermé. Et ces gouttes tombent sur n’importe quoi ; on ne peut pas les attraper.
-Pourquoi ?
-Je ne sais pas… parce qu’elles débordent déjà du ver qui les contient. »

dimanche 17 mai 2009

Le temps et l'espace

"La séparation de l'espace et du temps est une convention purement technique ou scientifique et lorsqu'on dit que Moscou est situé à trois heures et demie de vol de Paris, on rend compte d'une réalité plus riche qu'en faisant allusion aux 2500 kilomètres qui les séparent. Réalité plus riche parce qu'elle englobe d'un coup toute un civilisation vécue, comme en 1880 on pouvait dire que Lyon était à cinq jours de Paris."

André Leroi-Gourhan, Le geste et la parole, Paris, Albin Michel, 1965, p. 142

Gustavo Daniel Ríos (2001)  

"La separación del espacio y del tiempo es una convención puramente técnica o científica y cuando se dice que Moscú está situada a tres horas y media de vuelo de París, se da cuenta de una realidad más rica que al hacer alusión a los 2500 kilómetros que las separan. Realidad más rica porque engloba toda una civilización vivida, como en 1880 podía decirse que Lyon estaba a cinco días de París."

dimanche 10 mai 2009

L'ange bleu

Marlene Dietrich
Josef von Sternberg
Der blaue Engel (1929)

Falling in love again 
Never wanted to 
What am I to do? 
Can't help it 

Love's always been my game 
Play it how I may 
I was made that way 
Can't help it 

Men cluster to me like moths around a flame 
And if their wings burn, I know I'm not to blame 

F. Hollander & S. Lerner 

vendredi 8 mai 2009

L'espace

David Hockney
Pearblossom Highway
California, April 11 - 18, 1986
Chromogenic prints mounted on paper honeycomb panel
198 x 282 cm

"L'oeuvre - immense - de Bachelard, les descriptions des phénoménologues nous ont appris que nous ne vivons pas dans un espace homogène et vide, mais, au contraire, dans un espace qui est tout chargé de qualités, un espace, qui est peut-être aussi hanté de fantasme; l'espace de notre perception première, celui de nos rêveries, celui de nos passions détiennent en eux-mêmes des qualités qui sont comme intrinsèques; c'est un espace léger, éthéré, transparent, ou bien c'est un espace obscur, rocailleux, encombré : c'est un espace d'en haut, c'est un espace des cimes, ou c'est au contraire un espace d'en bas, un espace de la boue, c'est un espace qui peut être courant comme l'eau vive, c'est un espace qui peut être fixé, figé comme la pierre ou comme le cristal.
Cependant, ces analyses, bien que fondamentales pour la réflexion contemporaine, concernent surtout l'espace du dedans. C'est de l'espace du dehors que je voudrais parler maintenant.
L'espace dans lequel nous vivons, par lequel nous sommes attirés hors de nous-mêmes dans lequel, se déroule précisément l'érosion de notre vie, e notre temps et e notre histoire, cet espace qui nous ronge et nous ravine est en lui-même aussi un espace hétérogène. Autrement dit, nous ne vivons pas dans une sorte de vide, à l'intérieur duquel on pourrait situer des individus et des choses. Nous ne vivons pas à l'intérieur d'un vide qui se colorerait de différents chatoiements, nous vivons à l'intérieur d'un ensemble de relations qui définissent des emplacements irréductibles les uns aux autres et absolument non superposables."

Michel Foucault, Dits et écrits (1984), « Des espaces autres » (conférence au Cercle d'études architecturales, 14 mars 1967), in Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, pp. 46-49.

David Hockney
La Place de Furstenberg
Paris, August 7,8,9, 1985
Photographic collage 88.9 x 80 cm

"La obra –inmensa– de Bachelard, las descripciones de los fenomenólogos nos han enseñado que no vivimos en un espacio homogéneo y vacío, sino, por el contrario, en un espacio que está cargado de cualidades, un espacio que tal vez esté también visitado por fantasmas; el espacio de nuestra primera percepción, el de nuestras ensoñaciones, el de nuestras pasiones guardan en sí mismos cualidades que son como intrínsecas; es un espacio liviano, etéreo, transparente, o bien un espacio oscuro, rocalloso, obstruido: es un espacio de arriba, es un espacio de las cimas, o es por el contrario un espacio de abajo, un espacio del barro, es un espacio que puede estar corriendo como el agua viva, es un espacio que puede estar fijo, detenido como la piedra o como el cristal.
Sin embargo, estos análisis, aunque fundamentales para la reflexión contemporánea, conciernen sobre todo al espacio del adentro. Es del espacio del afuera que quisiera hablar ahora.
El espacio en el que vivimos, que nos atrae hacia fuera de nosotros mismos, en el que se desarrolla precisamente la erosión de nuestra vida, de nuestro tiempo y de nuestra historia, este espacio que nos carcome y nos agrieta es en sí mismo también un espacio heterogéneo. Dicho de otra manera, no vivimos en una especie de vacío, en el interior del cual podrían situarse individuos y cosas. No vivimos en un vacío diversamente tornasolado, vivimos en un conjunto de relaciones que definen emplazamientos irreductibles los unos a los otros y que no deben superponerse."
(Traducción de Pablo Blitstein y Tadeo Lima)



mercredi 6 mai 2009

Le temps

« Alors le temps cessa d’exister. C’était comme si on avait effacé les chiffres d’un cadran, et le cadran lui-même pâlissait comme la lune au ciel en plein jour. Sans horloge (celle de la maisonnette ne fonctionnait plus), sans montre (il n’en avait jamais possédé), sans calendrier des bergers pendu au mur, le temps passait comme l’éclair ou durait toujours. Le soleil se levait, puis se couchait, à une place à peine autre que la veille, un peu plus tôt chaque soir, un peu plus tard chaque matin. L’aube et le crépuscule étaient les seuls événements qui comptaient. Entre eux, quelque chose coulait, qui n’était pas le temps, mais la vie. Les phases de la lune n’importaient plus, sauf que, quand elle était pleine, le sable la nuit brillait blanc. Il ne se souvenait plus bien des noms et des dessins des constellations, qu’il avait sus par cœur au temps où le pilote de la Téthys mettait le cap sur Aldébaran ou sur les Pléiades, mais peu importait : c’étaient de toute façon d’incompréhensibles feux qui brûlaient au ciel. Des nuages ou des bancs de brume en cachaient presque toujours une partie ; ou bien elles reparaissaient comme des amies perdues. Avant que la maladie, en s’aggravant, lui enlevât peu à peu la force d’aimer passionnément grand-chose, il continuait d’aimer passionnément la nuit. Elle semblait ici illimitée, toute-puissante : la nuit sur la mer prolongeait de tous côtés la nuit sur l’île. Parfois, sorti de la maison, dans le noir, où l’on n’apercevait indistinctement que la masse molle des dunes et, dans l’entrebâillement, le blanc moutonnement de la mer, il enlevait ses vêtements, et se laissait pénétrer par cette noirceur et ce vent presque tiède. Il n’était alors qu’une chose parmi les choses. Il n’aurait su dire pourquoi, ce contact de sa peau avec l’obscurité l’émouvait comme autrefois l’amour. À d’autres moments, le vide nocturne était terrible. »
Marguerite Yourcenar, Un homme obscur, Paris, Gallimard, 1982, p.163-164


Roberto Aizenberg
Torre (1975-1989)
Huile sur toile - 60 x 34 cm.

"Entonces el tiempo dejó de existir. Era como si se hubieran borrado las cifras de un cuadrante, y el cuadrante mismo palideciera como la luna en el cielo en pleno día. Sin reloj de pared (el de la casita no funcionaba más), sin reloj pulsera (nunca había tenido uno), sin calendario de los pastores colgado en la pared, el tiempo pasaba como un destello o duraba para siempre. El sol se levantaba para luego ponerse, en un sitio apenas distinto del anterior, un poco más tarde cada mañana. El alba y el crepúsculo eran los únicos hechos que contaban. Entre ellos, algo pasaba, que no era el tiempo, sino la vida. Las fases de la luna no importaban más, salvo que, cuando era luna llena, la arena la noche brillaba blanca. Ya no se acordaba bien de los nombres y de los dibujos de las constelaciones, que alguna vez había conocido de memoria en el tiempo en que el piloto de la Téthys hacía rumbo hacia Aldebarán o hacia las Pléyades, aunque poco importaba: de todas maneras eran fuegos incomprensibles que brillaban en el cielo. Nubes o bancos de bruma escondían casi siempre una parte; o bien reaparecían como amigas perdidas. Antes de que la enfermedad, al agravarse, le quitara poco a poco la fuerza de amar apasionadamente algo, continuaba amando apasionadamente la noche. Parecía ilimitada aquí, poderosa: la noche sobre el mar prolongaba por todas partes la noche sobre la isla. A veces, al salir de la casa, en la oscuridad, no percibiendo indistintamente otra cosa más que la masa blanda de las dunas y, al entornar los ojos, el cabrilleo del mar, se quitaba la ropa y se dejaba penetrar por esa negrura y ese viento casi tibio. Entonces no era más que una cosa entre las cosas. No hubiera sabido decir por qué ese contacto de su piel con la oscuridad lo emocionaba como alguna vez lo había emocionado el amor. En otros momentos, el vacío nocturno era terrible."
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