mardi 31 mars 2009

Rubans

Andrés Sobrino
Cintas (2003)


Je sens des boums et des bangs
Agiter mon coeur blessé
L'amour comme un boomerang
Me revient des jours passés
À pleurer les larmes dingues
D'un corps que je t'avais donné
Serge Gainsbourg

vendredi 27 mars 2009

L'espérance

Puvis de Chavannes
L'espérance (1872)
Huile sur toile - 82 cm x 71 cm
Musée d'Orsay

Circonspection

Donne ta main, retiens ton souffle, asseyons-nous
Sous cet arbre géant où vient mourir la brise
En soupirs inégaux sous la ramure grise
Que caresse le clair de lune blême et doux.

Immobiles, baissons nos yeux vers nos genoux.
Ne pensons pas, rêvons. Laissons faire à leur guise
Le bonheur qui s'enfuit et l'amour qui s'épuise,
Et nos cheveux frôlés par l'aile des hiboux.

Oublions d'espérer. Discrète et contenue,
Que l'âme de chacun de nous deux continue
Ce calme et cette mort sereine du soleil.

Restons silencieux parmi la paix nocturne :
Il n'est pas bon d'aller troubler dans son sommeil
La nature, ce dieu féroce et taciturne.

Paul Verlaine

mardi 24 mars 2009

J'ai été tagué




Et en même temps gâté, flatté. Car j'apprécie cette preuve de sympathie qui, en outre, me fait savoir que vous lisez régulièrement mon blog. Cependant, je ne suis pas le meilleur pour cette habitude du tag. La plupart du temps j'ai du mal à trouver le bon moment pour m'en occuper.
De toutes façons, en vous remerciant et pour vous faire plaisir, voilà mon devoir accompli.
St Loup

samedi 21 mars 2009

L'automne

Paris, Musée de la Vie Romantique

"Puis l'automne arriva. À ce moment-là, mon cœur avait trouvé l'apaisement. J'étais finalement parvenu à cette conclusion: il m'était impossible de continuer à vivre comme ça."
Haruki Murakami, Au sud de la frontière à l'ouest du soleil, Paris, Éditions 10/18, 2002, p. 165

vendredi 20 mars 2009

Le dernier jour


Tomás Fracchia
Huile sur Toile (2003)


Comme une pierre que l'on jette
Dans l'eau vive d'un ruisseau
Et qui laisse derrière elle
Des milliers de ronds dans l'eau
Comme un manège de lune
Avec ses chevaux d'étoiles
Comme un anneau de Saturne
Un ballon de carnaval
Comme le chemin de ronde
Que font sans cesse les heures
Le voyage autour du monde
D'un tournesol dans sa fleur
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon cœur

Comme un écheveau de laine
Entre les mains d'un enfant
Ou les mots d'une rengaine
Pris dans les harpes du vent
Comme un tourbillon de neige
Comme un vol de goélands
Sur des forêts de Norvège
Sur des moutons d'océan
Comme le chemin de ronde
Que font sans cesse les heures
Le voyage autour du monde
D'un tournesol dans sa fleur
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon cœur

Ce jour-là près de la source
Dieu sait ce que tu m'as dit
Mais l'été finit sa course
L'oiseau tomba de son nid
Et voila que sur le sable
Nos pas s'effacent déjà
Et je suis seul à la table
Qui résonne sous mes doigts
Comme un tambourin qui pleure
Sous les gouttes de la pluie
omme les chansons qui meurent
Aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne
Rencontre des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne
La couleur de tes cheveux

Une pierre que l'on jette
Dans l'eau vive d'un ruisseau
Et qui laisse derrière elle
Des milliers de ronds dans l'eau
Au vent des quatre saisons
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon cœur

Michel Legrand, Les moulins de mon coeur

jeudi 19 mars 2009

La vérité - II

Pierre-Cécile Puvis de Chavannes
Décollation de Saint Jean-Baptiste (1869)
Huile sur toile - 240 x 316.2 cm.

"La vérité, ça peut couper les mains et laisser des entailles à ne plus pouvoir vivre avec, et la plupart d'entre nous, ce qu'on veut, c'est vivre. Le moins douloureusement possible. C'est humain."

Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, Paris, Stock, 2007, p. 12

mercredi 18 mars 2009

L'inspiration


Constant Montald
La fontaine de l'inspiration (1907)
Huile sur toile - 393 x 490 cm
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

"Pour certains faits, on détient la preuve tangible qu'ils ont eu lieu. Notre mémoire et nos impressions sont trop incertaines, trop générales pour prouver à elles seules leur réalité. Jusqu'où des faits que nous tenons pour certains le sont-ils? À partir d'où deviennent-ils seulement des faits que nous tenons pour "réels"? Dans la plupart des cas, il est impossible de faire la différence. Pour nous assurer que ce que nous considérons comme la réalité l'est bien, nous avons besoin d'une autre réalité qui nous permette de relativiser et qui, elle-même, a besoin d'une autre réalité pour lui servir de base. Et ainsi de suite, jusqu'à créer dans notre conscience une chaîne qui se poursuit indéfiniment. Il n'est sans doute pas exagéré de dire que c'est dans le maintien de cette chaîne que nous puisons le sentiment de notre existence réelle. Mais que chette chaîne vienne à être brisée, et immédiatement nous sommes perdus. La véritable réalité est-elle du côté du chaînon brisé, ou du côté où la chaîne se poursuit?"

Haruki Murakami, Au sud de la frontière à l'ouest du soleil, Paris, Éditions 10/18, 2002, p. 211

lundi 16 mars 2009

Te rencontrer sans te chercher

Paul Klee
Nouvelle harmonie (1936)
93,6 x 66,3 cm
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Le paysage se complète, sang aux joues,
Les masses diminuent et coulent dans mon coeur
Avec le sommeil.
Et qui donc veut me prendre le coeur.

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Comment prendre plaisir à tout ?
Plutôt tout effacer.
L’homme de tous les mouvements,
De tous les sacrifices et de toutes les conquêtes
Dort. Il dort, il dort, il dort.
Il raye de ses soupirs la nuit miniscule, invisible.

Il n’a ni froid, ni chaud.
Son prisonnier s’est évadé — pour dormir.
Il n’est pas mort, il dort.
Quand il s’est endormi
Tout l’étonnait,
Il jouait avec ardeur,
Il regardait,
Il entendait.
Sa dernière parole :
« Si c’était à recommencer, je te rencontrerais sans te chercher. »

Il dort, il dort, il dort.
L’aube a eu beau lever la tête,
Il dort.

Paul Éluard, Au coeur de mon amour

mercredi 11 mars 2009

Saint-Sulpice

Jean-Hugues Anglade
Patrice Chéreau, L'Homme blessé (1983)

"Que les résolutions humaines soient sujettes à changer, c'est ce qui ne m'a jamais causé d'étonnement; une passion les fait naître, une autre passion peut les détruire; mais quand je pense à la sainteté de celles qui m'avaient conduit à Saint-Sulpice et à la joie intérieure que le Ciel m'y faisait goûter en les exécutant, je suis effrayé de la facilité avec laquelle j'ai pu les rompre. S'il est vrai que les secours célestes sont à tous moments d'une force égale à celle des passions, qu'on m'explique donc par quel funeste ascendant on se trouve emporté tout d'un coup loin de son devoir, sans se trouver capable de la moindre résistance, et sans ressentir le moindre remords."
Abbé Prévost, Manon Lescaut, Paris, Librairie Générale Française, 1972, p. 39

mardi 10 mars 2009

La vérité

François Morellet
3 Doubles trames (1975)

"La vérité est un moyen. Il n'est pas le seul."
Paul Valéry, Mélange

vendredi 6 mars 2009

Sang diû

Chen Lian Xing 
Little Town (2000)
Watercolor
Red Lantern Folk Art, Mukashi Collection

"Le vieil homme pense à tout cela. Assis sur ce banc qui est devenu, en l'espace de deux jours seulement, un petit endroit familier, un morceau de bois flotté auquel il se serait accroché au beau milieu d'un large torrent, tourbillonnant et bizarre. Et il tient au chaud contre lui la dernière branche de ce rameau, qui pour l'instant dort de son sommeil sans peur, sans mélancolie ni tristesse, de ce sommeil de nourrisson repu, heureux de trouver la chaleur de la peau aimée, son onctuosité tiède et la caresse d'une voix aimante."

Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh, Paris, Stock, 2005, p. 46

jeudi 5 mars 2009

Milk

Sean Penn
Gus Van Sant - Milk (2008)

Without hope, life's not worth living.
Harvey Milk

James Franco
Gus Van Sant - Milk (2008)

Sans espoir, la vie ne vaut pas la peine.

dimanche 1 mars 2009

Psyché


François Pascal Simon Gérard
Psyché et l'Amour (1798)
Huile sur toile - 186 x 132 cm

"Pourtant, depuis que Shimamoto-san avait disparu, j'avais l'impression de vivre sur la lune, privé d'oxygène. Sans Shimamoto-san je n'avais plus un seul lieu au monde où ouvrir mon cœur. Pendant mes nuits d'insomnie, allongé dans mon lit, immobile, je pensais encore et encore à l'aéroport de Komatsu sous la neige. Ce serait bien si les souvenirs finissaient par s'user à force de les voir et les revoir, me disais-je. Mais celui-là ne s'effaçait pas, loin de là."
Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, Paris, Éditions 10/18, 2002,  p. 164
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